Conques -Le Puy en Velay

Conques -Le Puy en Velay

Pourquoi partir ?

Dimanche 20 août 2017

Pourquoi partir ? 

Pour vivre des aventures, pour avoir le plaisir de les raconter comme je l’ai lu quelque part ces jours-ci ?

Finir ce que nous avions commencé avec l’aumônerie de Langon. Après Navarrenx – Santiago nous étions partis de Condom pour aller au Puy en Velay. Puis, changement aidant, et mon successeur n’ayant pas voulu prendre le pas, tout s’est arrêté à Rocamadour.

Faire rocamadour le Puy prenant trop de temps. Je me contenterai donc de Conques-Le Puy.

J’arrive à Conques le dimanche soir 20 août après le baptême de Faustine où les parents m’ont invité à déjeuner. Je pars quand même au moment où tous passent à table, devant prendre un blablacariste à Périgueux. C’est en branchant mon téléphone dans la voiture que j’apprends qu’il a renoncé. Tant pis, quand faut y aller, faut y aller. 330 km quand même !

J’arrive à 5 minutes du repas et on m’installera après. Des jeunes sympas à ma table, beaucoup de monde dans le grand réfectoire.

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Puis viennent les complies suivies d’un enseignement sur le fameux tympan de la collégiale et d’un court concert d’orgue qui se termine à 10 heures par une pièce de Bach. Que demande le peuple ? Rien, si ce n’est la capacité d’accueillir ce qui est donné.

Lundi 21 août 2017 Conques – Golinhac 

Bon début, malgré une petite erreur d’itinéraire. Ça monte calmement. Vers 9 h les premiers pèlerins « d’en face », ceux qui vont à Santiago, arrivent. 150 au moins ? Quelques-uns posent une question. Une dame et son mari, par exemple, m’arrêtent : « Je vous connais », dit la dame. Ils sont de Cognac. Elle a travaillé en aumônerie de l’enseignement public.

L’évangile nous appelle au détachement, mon sac à dos aussi. Je serais plus léger si je n’avais pas à porter le matériel anti-apnée du sommeil. Lors d’une pause j’appelle le gîte qui est à 2 heures, à l’est de Colinhac. Pas de problème, comme hier il reste une place ! C’est une famille d’agriculteurs qui accueille. Elle parle beaucoup tout en disant des choses intéressantes. L’élevage, la SAFER qui ne fait pas son boulot, son fils qui s’est marié juste avant l’ouverture du gîte ce qui a permis de le tester avec les invités, sa belle mère à la maison et dont il faut s’occuper, ses confitures, son amour pour ce qu’elle fait, l’absence de relation avec le gîte de Golinhac à qui elle amène souvent du monde en pure perte et sans retour.

Je traverse deux beaux petits villages dont Sénergues. Boulangerie. Pour la messe, comment fais-tu me demande un jeune prêtre. Comme pour le reste, j’accueille ce que l’on me donne.

Mardi 22 août 2017 Golinhac – Espalion 26.6 km

Je prends mon petit déjeuner avant les autres. Non qu’ils soient antipathiques, mais le plus tôt est le mieux.

Dès qu’il y aura du monde en face ce sera plus facile. D’une part le chemin sera plus facile à trouver mais en plus ils auront ramassé les toiles d’araignées qui se sont amusées entre les deux rives du chemin. Je suis le premier à passer aujourd’hui. Je me sens quasiment supérieur, pionnier !

L’entrée à Estaing est longue, d’autant que la chaleur devient lourde. Nous atteindrons 34°, température idéale pour la sieste dans un hamac, mais pour marcher … ! La deuxième partie de la journée est lente mais efficace. Le sandwich de midi, bien qu’acheté directement à la boulangerie est moins bon que celui d’hier. Trop de touristes !

Je tombe mal pour la messe car, en cette dernière semaine d’août, les prêtres qui changent de lieu de ministère sont tout à leur déménagement et c’est le cas dans la région. La ville est plus importante que les autres. La rivière porte le reflet de beaux bâtiments. Je vais faire quelques courses pour le petit déjeuner, puis chercher des pansements à la pharmacie où la pharmacienne m’interroge sur le sens de la marche. Un restau me refile les restes de midi et, après un verre de vin avec d’autres pèlerins, je passe une mauvaise nuit. Relevé plusieurs fois je m’interroge. Ça ne va pourtant pas trop mal le matin et décide donc de m’avancer sur les premiers kilomètres prévus pour la nouvelle étape :

Mercredi 23 août 2017 Espalion – St Côme d’Olt

Prenant un raccourci, je rate l’église de Perse, ce qui est parait-il regrettable et à 10 heures je n’ai toujours rien pu avaler. La suite sera au ralenti jusqu’au centre d’accueil de St Côme. Des religieuses vietnamiennes m’accueillent dans une immense maison bien équipée. Elles veillent sur des religieuses âgées, françaises. Les regardant pendant l’office du soir je vois ces femmes qui pour certaines ont eu des « carrières » en responsabilité : chef d’établissement, supérieure de communauté, conseillère provinciale et peut-être pire et là, dociles religieuses obéissant à leur humanité vieillissante et rendant gloire à Dieu. Je pense à mon copain décédé Raymond Courcy qui aidait souvent des congrégations à faire évoluer leurs constitutions.

A la messe, le prêtre semble dépressif.

Si, vers 13 heures, j’avais retrouvé l’appétit au point de déjeuner au restaurant du village, près de l’église au clocher torsadé, je dîne le soir plus sobrement au réfectoire des pèlerins : soupe de légumes, filet de poisson, fromage blanc. Comme à la maison de retraite !

Jeudi 24 août 2017 St Côme – St Chély.

Que du bonheur. Montée tranquille, belle descente, nouvelle montée pour finir en descendant vers St Chély à travers une hêtraie. Au premier bar : de l’eau, un croque monsieur, salade, tarte aux framboises et la question : pourquoi je ne mange pas au refuge. trois raisons :

  • Être seul
  • Ne pas faire la cuisine et cuisiner n’importe quoi avec les autres.
  • Ne pas faire la cuisine pour les autres !!

Vendredi 25 août St Chély – Nasbinal

Ça a l’air simple, et ça l’est : on monte, à peu près tout le temps, pendant 600 mètres et je suis à Aubrac pour un petit arrêt. Le chemin repart en côte puis en pente douce jusqu’à Nasbinals. J’avais rencontré assez tôt une dame qui marchait dans le même sens que moi. J’étais resté assez distant dans la courte conversation. Voilà que je la retrouve en fin d’étape, magnifique étape d’ailleurs puisqu’on est en plein Aubrac fréquenté par ses célèbres vaches. Paysages vallonnés à perte de vue.

A nouveau la messe et un vieux curé, non dépressif celui-ci, vraiment sympathique. Puis je retrouve la Dame à contre-voie et nous dînons ensemble dans un petit resto. Bœuf haché – Aligot, salade. Super

Samedi 26 août 2017 Nasbinals – 

Samedi Je n’irai pas par quatre chemins Quelqu’un m’a dit (il se reconnaîtra) : « l’essentiel, c’est de marcher » Ça suffit pas mon gars. Il faut au moins avoir une idée de là où on veut aller. Le nord ou le sud ? Santiago ou le Puy ? Alexandrie ou Jérusalem ? Sinon ce n’est plus un pèlerinage, c’est de l’errance. C’est comme ça que je suis arrivé aux quatre chemins. Chez Régine. C’est mentionné dans le guide et ça, je l’avais lu. Un jour, elle a peut-être été belle, Régine, ou elle a pu le croire. Il y a longtemps. Aujourd’hui elle est fardée, lèvres, paupières ; elle n’est pas peignée. En entrant dans le Bistrot, ça surprend, au moins autant que l’odeur. Il y a là tout un bric à brac d’un autre âge, le vieux buffet qui ne rentrait plus dans la salle à manger, le chat, de la vaisselle, une jolie composition de fleurs artificielles …Un Monsieur sans âge arrive au volant de sa vieille Citroën et le fumet du diesel vient se mêler à celui du pipi de chat. Une authenticité rare dans cette France profonde qui est la nôtre. Je me suis engagé en partant ce matin, ignorant que deux GR se croisaient. Ça carburait pourtant bien ce matin, c’était beau, mais peu à peu des questions me troublaient. Le soleil est-il du bon côté ? les pèlerins d’en face ont-ils fait la grasse matinée ? La Dame du même sens s’est-elle perdue ? …. A moins que ce soit moi. Je profite d’un croisement avec une route goudronnée pour actionner Google maps : je suis revenu en Aveyron !!😂 Le dépit dure peu. Un accompagnateur de groupe me ramène au point de départ, Nasbinals où une autre voiture me conduit aux quatre chemins. Régine demande au local de l’étape : qu’est-ce que tu prends ? Un verre de vin. Et vous ? Je n’irai pas par quatre chemins : Un coca s’il vous plaît ! La suite se fait à pied, il y a quand même la dose car l’errance est parfois plus longue que le pèlerinage. Entre quatre chemins, il vaut mieux en choisir un, et le bon.

Puis, après la messe dominicale anticipée, super aligot, super gîte, super ambiance

Dimanche 27 août 2017

Excellente journée malgré la chaleur. 31 ! Beaucoup de monde dans le sens le Puy-Santiago, ce qui facilite la compréhension de l’itinéraire. Il suffit de regarder d’où ils viennent, en nombre (150?) Mais qui est dans le bon sens ? Jésus vers Emmaüs était dans le même sens que Cléophas et son compère. 

A marche forcée je double la Dame à contre voie et arrive à 11h26 pour la messe de 11h et c’est déjà la communion. Je m’assois. Salut aux scouts. Sandwich et redémarrage 

J’ai dépassé de deux km le village indiqué pour faire étape pour un gîte qu’on m’avait recommandé. J’ai bien fait. Du coup, 27 km aujourd’hui avec 600 m de grimpette et demain 24 km sur le plat ! J’ai tout quitté ou presque, pour quelques jours dans ces conditions et j’ai le centuple. Jésus l’avait annoncé 😇 Vers Les Faux : tranquillité, luxe et volupté. Lessive aussi !

Lundi 28 août  Les Faux, … Le Clauze … Saugues.

Indisponible au type qui depuis sa voiture m’invite chez lui. Indisponible à ces fondus du Camino à qui je fausse discrètement compagnie pour gagner un hôtel miteux où la cantine est sympa. Deux vieilles rigolotes partagent leur repas à la table à côté. Un jeune couple m’entreprend après. Rencontre sympa. Ont-ils rencontré le Seigneur à mon contact ?

Mardi 29 août.

Je vais me le faire ce chemin, même s’il est tracé pour être parcouru dans l’autre sens. Je rencontre à plusieurs reprises la Dame à contre-voie et nous nous disons chaque fois à Dieu car nous avons à un moment cru que nous nous étions séparés sans nous le dire.

à la chapelle de la Madeleine le vieux gardien me dit : va manger un coup en bas. Après, tu enfonces ton chapeau et par la route tu marches sans réfléchir en regardant le bout de tes pieds. Tu avances une heure, à crever de chaleur mais au bout d’une heure, c’est fini !

De fait, l’arrivée à St Privat est bienheureuse. Un jeune homme est assis à la terrasse du café, à l’ombre devant une belle bière. Grim ? Grim ! Une Grim s’il vous plaît madame !

Corentin est à son premier jour de pélé. Il est curieux de savoir pourquoi j’arrive du mauvais côté. Ce n’est pas le mauvais côté, c’est mon côté. Corentin est catéchumène et demande à ce que nous parlions ensemble. J’aurais l’audace, quelques mois après, de joindre son diocèse pour avoir son adresse mail afin de lui envoyer un mot d’encouragement et de communion pour l’appel décisif. Ils m’ont fait confiance 

depuis nous nous écrivons à peu près une fois par an ! J’ aime ces rencontres !

Mercredi 30 août

Mon corps souffre, mon corps me fait mal et je fais mal à mon corps et, en supplément, je me perds un peu à l’arrivée. La montée des escaliers pour entrer à la cathédrale est terrible.

Le soir, je dors en ville, non sans avoir fait quelques frais pour un repas au calme et de bon goût. Demain je reprends la route avec la voiture de Vincent qui, lorsque l’on s’est croisé sur le chemin, m’a confié les clés. Je la laisserai à Conques où j’aurai récupéré la mienne pour rentrer fissa à St André de Cubzac, non sans faire des courses pour le repas du soir avec l’équipe pastorale que mon vicaire a invité. Ces retours chronométrés sont à proscrire. Ils gâtent le plaisir et sont en même temps dangereux !


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