Togo

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Dimanche 28 décembre 2014

            Et le miracle s’accomplit

9 heures : nous entrons dans l’église encore en travaux, Jonas et moi entourant Jean-Baptiste, le curé de « Notre Dame sous la croix » (Marek nous rejoindra rapidement). La chorale et l’assemblée chantent « Peuple fidèle », scandant le chant  en appuyant le rythme sur le 1° et le 2° temps EN LUI vient reCONNAI-tre ….

Et nous sommes chez nous, et je suis chez moi parce qu’invité par le Seigneur en ce dimanche de la Sainte Famille. Pas un chant qui me soit inconnu, quelques pratiques différentes qui pourraient nous inspirer : Pour la quête, les fidèles se déplacent pour verser leur offrande dans plusieurs troncs judicieusement disposés près de l’entrée du chœur ; des offrandes pour les pauvres sont portées en procession, comme on le fait dans certaines églises chez nous pendant le carême ; on communie sous les deux espèces par l’intinction de l’hostie que le prêtre fait lui-même dans le calice ; et, plus intéressant en la circonstance, les personnes qui interviennent dans la liturgie le font en couple : quand l’épouse proclame une lecture, c’est son mari qui invite à l’acclamation finale par exemple …

Du coup, ça dure deux bonnes heures, surtout qu’il y a une deuxième quête pour financer les travaux de l’église. J’ai du mal à rester éveillé pendant la partie de l’homélie prononcée en langue locale, mais il est vrai que la journée d’hier a été difficile et que les jours précédents ont été chargés. Ce matin, nous sommes  arrivés sur la piste vers 5 heures, Jonas nous a fait attendre jusque vers 8 heures … et le policier qui avait vu mon nom, et l’avait retenu à cause de l’homonymie   avec le président du Togo, s’étonnait que Monsieur Faure soit encore là !

La messe est suivie d’une fête où les couples, plus que les familles me semble-t-il, sont mis à l’honneur. Il y a une table pour les prêtres dont j’ai eu peur, un moment, qu’ils soient mieux traités que les autres. Ca n’a été vrai que pour le vin blanc. Nous profitons du temps d’attente avant le repas pour faire connaissance avec le pays, avec l’église locale. 2 séminaires au Togo, dont celui de Lomé qui a connu 25 ordinations sacerdotales et 24 ordinations diaconales en vue de la prêtrise cette année ! Soit, en un an, plus que la totalité du clergé du Lot et Garonne ! La paroisse est confiée aux religieux de la Société du Verbe Divin, dont un Polonais plutôt jeune, Marek. Il y en a partout !

Dans l’introduction au repas faite par un laïc, sans doute pieux, nous comprenons que cette paroisse a deux autres « succursales », aussi appelées « stations », qui deviendront un jour paroisses de plein titre : l’inverse de chez nous ! Et qu’il y a beaucoup à faire pour que les gens apprennent à se connaitre, à travailler ensemble : comme chez nous !

Au son de la marche nuptiale, de chants de … Raymond Fau je crois, de Gianadda j’en suis sur, le repas se déroule, interrompu par un bref enseignement sur l’argent dans la famille, fait lui encore par un laïc. Et l’on danse (Le curé a ouvert le bal avec une belle douairière) et l’on se succède au micro pour raconter des blagues

         Nous partirons avant le deuxième plat principal pour nous promener en voiture jusqu’à l’océan dans lequel je me suis baigné le 1° janvier 1974 : 41 ans déjà !!

On en est à notre 2° bière de 65 cl, après les deux 33 de la nuit et avant un repas frugal chez les sœurs de  St Paul. En fait, Jonas a acheté un dizaine de petits crabes nourris aux détritus que jettent les riverains (nous l’avons vu faire au bar, au grand mécontentement du flic qui a engueulé la jeune fille moins coupable que sa patronne !). Ils ont fait une bonne soupe avant une bonne nuit. Demain, laudes et messe à 7 heures, petit déjeuner, au revoir au Père Jean-Baptiste et en route pour Adjengré, la paroisse où Jonas est vicaire.

LUNDI 29 Décembre 2014

         Michel nous accueille avec joie et simplicité. Curé de cette paroisse depuis un peu plus d’un an, il est maintenant avec Raymond et Jonas comme vicaires, plus Basile, fraichement ordonné prêtre, de passage, et un séminariste en stage inter-cycles. Ce petit monde, ce beau monde, veille sur un secteur de 50 000 habitants répartis en une bonne vingtaine de village, dont le village central où nous sommes qui compte 11 000 âmes. Tiens … ça me rappelle quelque chose.

Le dimanche, la messe est ici à 6 heures, car c’est aussi le jour du marché et ça permet aux paroissiens de vaquer ensuite à leurs occupations de vendeur ou d’acheteur. Le célébrant va ensuite plus loin et donc plus tard dans la matinée, pendant que les deux autres célèbrent chacun deux messes dans des villages différents. Et sans doute d’autres choses avant de se retrouver le soir pour partager  ce  qu’ils ont vécu, comme les apôtres en Marc 6

         Nous avions célébré ce matin avant de prendre la route, la longue route. 7 heures, dont une bonne heure d’arrêt à Atakpamé pour un pause déjeuner ma foi fort agréable. Longue route goudronnée mais dont les manques sont de plus en plus visibles et sensibles au fur et à mesure que nous montons vers le Nord. La prudence est de mise d’autant plus que la circulation est réelle sans être surchargée, – contrairement aux véhicules de tout gabarits – mais aussi … fantaisiste, avec des règles très adaptables.

         Apéro, vêpres, repas, dijo … et conversation inégale. Mais j’arrive quand même à parler avec mes voisins de la vie de l’église, de leur village d’origine ou de leurs expériences pastorales dans le monde.

         Dieudonné, prêtre de passage, fait des études en Côte d’Ivoire. Il vient en France l’été dans le diocèse de Carcassonne où il connait Thibault Remaury, prêtre du dit diocèse et frère d’une de mes amies Cet homme jeune a déjà une sacrée expérience du monde et de l’église…

Bon, demain, il faut être en forme : il parait que l’évêque nous attend pour le déjeuner !

MARDI 30 DECEMBRE 2014

         S’il y avait 60 personnes hier à la messe de 17h 30, nous étions quand même une quarantaine ce matin à 6 heures. Peut-être faudrait-il que nous changions nos horaires de célébration à St André pour exciter la piété des fidèles qui ne sont pas très portés sur la messe en semaine

La journée est ensuite chargée, chargée de rencontres et de la découverte de la vie de l’église dans ce diocèse.

D’abord, la panne, indispensable en Afrique. Aujourd’hui, c’est l’alternateur. Mais le curé et son plus jeune vicaire viennent nous apporter une voiture de secours et, pendant que nous continuerons notre journée, s’occuperont de remorquer pour le faire réparer, avant de nous la confier à nouveau, ce 4×4 confortable.

         Première halte au presbytère de la cathédrale où nous rencontrons le curé et ses deux vicaires dont l’un nous fera visiter l’édifice religieux d’abord, la radio diocésaine ensuite. Cette radio émet sur un rayon de 100 kilomètres autour de cette ville de 500 000 habitants, dans ce diocèse de 1 400 000 âmes, au doigt mouillé.

         Courte halte auprès des JECistes qui terminent leur stage de formation. Je me garde bien de leur dire qu’en Europe la JEC est morte ….

         La rencontre de l’évêque, et le repas partagé avec lui, m’édifient et m’intriguent. Cet homme âgé de 75 ans et qui a été gravement malade nous reçoit bien, avec beaucoup de bonhomie et d’humour. Mais on voit un vieillard, un évêque qui attend que Rome lui accorde le relèvement de sa charge. Je cherche à plusieurs reprises à engager le dialogue sur la coopération entre églises, sur la venue de prêtres africains en Europe, sur la joie de Jonas, et la notre, chaque fois qu’il vient en France ; je demande si c’est bon pour l’église, pour ces hommes, si c’est juste, bienvenu … pas de réponse. C’est un africain, et c’est un évêque ! Ça veut sans doute dire qu’il n’est pas contre. En tout cas, il n’est pas sans mérite dans ce diocèse qui compte 80 prêtres dont 40 autochtones.

Nous allons voir ensuite le vicaire général émérite, le seul prêtre retraité (les autres meurent avant)  a une petite maison en haut d’une colline et nous reçoit alors qu’il sort de table. Il a l’air heureux de voir Jonas et l’on perçoit assez vite la qualité de cet homme qui a du marquer un bon nombre de prêtre et de laïc. Avant que nous nous séparions il nous conduit à son oratoire où nous prions ensemble et nous présente sa modeste retraite où il est aidé par des membres de sa famille, des nièces semble-t-il.

En fin, la trouvaille du jour : un siestorium ! Depuis le temps que j’en rêve chaque fois que je suis hors de chez moi, je trouve enfin un lieu où, conduits par Jonas, on peut faire une heure de sieste à l’abri de la lumière et du bruit, sur un lit confortable.

         Il faut ça, entre deux bières (Chez le curé de  la cathédrale, chez l’évêque, au bar avec le P. Michel et basile qui venaient échanger les voitures, avant un refus chez le P. Donald où nous avons demandé de l’eau, en prévision d’un repas du soir prometteur) et avant de reprendre des visites à la DDEC, auprès de divers bâtiments.

Mais passons chez Donald. C’est le curé de la paroisse où habitait Jonas dans la deuxième partie de sa formation au grand séminaire. Donald est issu d’une famille de mère catholique et de père musulman mais à la séparation de ses parents il a été « récupéré » par son grand père maternel et donc élevé dans la foi chrétienne.  Jonas lui annonce avec émotion que sa propre maman, musulmane comme son papa décédé, vient de l’appeler pour lui faire une surprise : elle est allée à la messe la nuit de Noël et s’est inscrite pour entreprendre une catéchèse. Dans les deux cas,  ce n’est pas en voulant convaincre que l’on a conduit à la foi, c’est sans doute en aimant, et en comptant sur le Seigneur !

Donald est président de l’association des prêtres togolais. Jonas est au bureau. Des rencontres pouvant réunir plus de 400 prêtres sur les 700 que compte le pays (dont 200 à l’étranger)

         La rencontre du soir n’est pas moins belle même si je sens la fatigue. Le Père Patient a accueilli Jonas au début de son ministère, même s’il n’était pas lui même en ministère paroissial, occupant de multiples charges au service de l’église diocésaine. Patient, au bout de 25 ans d’ordination, voudrait prendre une année sabbatique. Il hésite entre plusieurs possibilité : monastère, stage chez les jésuites mais semble pencher vers une insertion pastorale en France  pour se ré initier à la charge curiale … ?

         La route est difficile dans la nuit, les phares mal réglés, les africains … noirs comme la nuit et, bien que j’ai confiance, je fatigue comme si je conduisais moi-même !

21h 40 : dodo !

MERCREDI 31 DECEMBRE

         Il y a du boulot ! ça tombe bien, Jonas s’est endormi après la messe de 6 heures où nous étions 35. Du coup j’ai pu lire et travailler sur les nominations de septembre prochain, et m’apercevoir que l’Ensemble Pastoral où je suis compte le plus grand ratio d’habitants par prêtre.

         À midi, Jonas enfin réveillé vient me chercher pour l’apéritif. Repas traditionnel avec la communauté (foutou igname & Ci°) puis sieste et lecture.

         Vers 16 heures, nous voilà partis vers le sanctuaire local ; mais en y allant et même au retour nous nous arrêtons dans les presbytères où l’accueil est toujours très sympathique. Nous voyons donc le Père Perrin, SMA, 90 ans le 12 janvier et qui, depuis 67 ans, a construit un bon nombre d’églises et de presbytères. Il est malheureusement complètement sourd et nous avons du mal à communiquer plus longuement.

Les presbytères sont inégaux en qualité. On sent quand même qu’il y a une certaine recherche, que l’on construit toujours et que ça dépend, ensuite, de l’implication des personnes qui l’habitent. On a vu ça ailleurs !

Le Père Perrin a construit grand, et le sanctuaire est immense, mais simple et de bon goût. Il y a ce qu’il fut, pas plus.

Le soir, on bricole comme dirait Jo Batwaré, histoire de tenir le coup avant le réveillon. J’écoute le président Français qui est retransmis à 19h 30 et me dirige vers l’église. À 20 heures, le curé introduit un temps d’adoration pendant lequel les prêtres pourront confesser. Les fidèles arrivent peu à peu. 150 à 20h mais 300 à 22 heures et même avant. De temps en temps, ça chante. Je profite de ce temps pour présenter à Dieu ceux qui ont fait ma vie cette année, sans avoir le temps d’aller jusqu’au bout (voir cahier ou tranches de vie).

À 21h 30, nous chantons les vêpres avec les sœurs, deux toute petites communauté dont une de St André de Peltre, comme à Libourne ! Et au cours d’une homélie suivant la proclamation de la Parole de Dieu dans la lettre de Paul aux Galates, le P. Michel, curé, en profite pour faire le bilan chiffré de l’année : Baptêmes, Mariages, Communions … et comptes annuels. On conclue le tout par la fin de l’adoration, avant de s’avancer pour la célébration de l’Eucharistie que je préside. La chorale ou plutôt les chorales donnent tout leur talent sous la direction de sœur Odile, impressionnante d’autorité, jusqu’à la louange suivant la dernière oraison où toute l’église se met à danser, prêtres compris, jusqu’à minuit moins dix. Après la bénédiction tous sortent derrière les prêtres, en chantant et en dansant pour échanger des vœux de bonne année.

Vers minuit et demi, nous sommes une vingtaine à nous retrouver à la mission : prêtres, religieuses, séminaristes, parents et amis. Charles, le frère du curé, fait des blagues, on parle, on chante, on danse, on boit jusqu’à trois heures du matin heure à laquelle il faudra bien se résoudre à partir au lit : demain, la messe est tardive ! Mais demain, c’est tout à l’heure et 8 heures ce n’est pas très tard !

Je me souviendrai de mon deuxième réveillons de nouvel an au Togo. De 1973 à 2014, il n’y a guère que 41 ans.

JEUDI 1° JANVIER

         Jonas aime bien me faire raconter que je suis déjà passé ici il y a 41 ans ! J’ai de fait passé le 31 décembre 1973 à Lomé, après être passé au Togo depuis la Haute Volta par Dapaong, au Bénin à Natitengou (J’ai un caillou), retour au Togo par Lama-Kara, Aledjo (La faille !), Sokodé, Atakpamé, puis Abomey au Dahomey de l’époque, et enfin Lomé, capitale du Togo.

Après le petit déjeuner, nous partons dès huit heures à Mélamboua pour la messe du premier de l’an, dans une église de Brousse avec une super chorale. Dès la sortie, vin de rafia et boule d’igname avec sauce poulet.

à midi nous déjeunons chez les sœurs  de St André de Pelte. Non, elles ne sont pas mortes et la supérieure me permet de retrouver le nom de sœur Jacqueline J’Espère connue à Libourne. Super accueil avec les novices -elles en ont- et sieste bienvenue. Le Père Michel nous avait donné rendez-vous à 16h 30 et c’est donc à 18 heures que nous partons pour un bistro sis sur la paroisse voisine. Deux voitures véhiculent les habitants de la maison, hommes et femmes, pour boire de la bière et manger les restes de patates de la veille. Sympa, sauf la sono ! Il a fallu intervenir plusieurs fois pour qu’elle descende à un niveau supportable.

Coucher sitôt le retour car même si …

VENDREDI 2 JANVIER 2015

La messe a été repoussée à 7 heures. C’est la grass’mat’ des vacances !

Nous parton ensuite à Sokodé pour rencontrer les mariés de demain. 1° bière d’une journée qui en compta … beaucoup. Cette rencontre est aussi l’occasion d’une conversation intéressante sur l’enseignement catholique, les difficultés financières. Le témoin est responsable de la formation des maitres (Pourquoi payer une formation aux maitres de l’ens. cat. alors que les établissements catholiques sont déjà les meilleurs, dit l’enseignement public) Nous voyons ensuite le vicaire général qui, en bon VG, ne dis rien de la proposition que je lui fais : si Patient veut venir en France pour un an et si son évêque est d’accord, je l’accueille. Deuxièmement : Est-il souhaitable que Jonas puisse venir l’été prochain et si oui, peut-il venir chez moi ?

Nous partons ensuite pour Aledjo, la Faille d’Aledjo, la Brêche de Rolland de l’Afrique de l’Ouest, très présente à mon souvenir. Jonas sait que nous avons rendez-vous à 16h 30 pour la confirmation des mariés de demain. Il a l’air d’y croire, moi pas (Je parle de l’heure du rdv pas de la confirmation !)

Nous montons jusqu’à Lama-Kara où Jonas connait un petit resto sympa -demi pintade et bière fraiche- avant de revenir sur Aledjo et passer d’abord au 1° foyer de  charité de toute l’Afrique. Superbe ! J’ai peur que, voyant l’heure, Jonas me fasse rater la faille, ce qui aurait pu nuire à nos relations. Sachant que c’était lui qui devait confirmer, nous sommes moins inquiets et nous arrivons à Sokodé avec seulement une heure et demie de retard. Les fiancés, le parrain et la marraine (témoins) sont là et nous célébrons, moi derrière et lui devant, dans la chapelle du presbytère de la cathédrale.

La soirée vaut son pesant de cacahuètes, pardon, d’arachides. Après avoir envoyé mon édito sur l’église en Afrique (quête impérée lors de l’épiphanie en France) le curé nous presse pour le repas qu’il nous a préparé. En fait, c’est l’heure de son feuilleton télévisé et on comprend pourquoi les vicaires sont allés voir ailleurs. Du coup, il n’est pas trop tard quand nous rentrons.

SAMEDI 3 JANVIER;

         Là, il ne faut pas se manger l’horaire et à 8h 30, Jonas bénit chacun des fiancés à la porte de l’église. Lui d’abord, puis elle pendant qu’il entre sous le chant de la chorale, puis elle, puis nous, nous les 6 prêtres. À la demande de Jonas, c’est moi qui préside. Tout se passe très bien. Je vois quelques nuances comme cette prière après l’échange des alliances, nos mains croisées l’une sur les autres.

Nous nous retrouvons chez les jeunes mariés. Je crois que lui a 54 ans, une fille qu’il l’avait eue alors qu’il était au collège,  elle-même mariée et mère de famille ! Nous sommes un cinquantaine répartis à l’extérieur de la petite maison. Le coin curés n’est pas loin des mariés et nous mangeons et buvons un peu dans le désordre au point que je me demande ce que ça va pouvoir donner pour le reste de la journée : rhum, blanc sec chaud, je dis bien chaud, bière …

Après les cadeaux remis en procession nous nous mettons en route vers Kassa où Jonas visite famille amie, pauvre, heureuse de voir Jonas, tout particulièrement les enfants qui se trouvent exilés. Ils nous donnent des ignames. Les pauvres donnent !

Nous allons ensuite bénir une maison à Sokodé : 3 parties + sanitaires + rangements + poulailler. Un joli coin dans un quartier qui se construit. Nous revenons chercher les nouveaux mariés qui partent avec nous pour leur voyage de noce (le même que le notre)

La route est longue, mais Alfred, ancien curé de Jonas que connait bien Odile nous accueille avec joie. Ses vicaires sont moins convaincus du bonheur qu’il y a à rencontrer les autres mais, bon … Ils se révèleront plus entreprennant le lendemain. Jonas en profite pour me dire son désir de venir 3 ans en France

Nuit à l’hôtel 5000 francs = 7,63 euros

DIMANCHE 4 JANVIER 2015

         Nous avons donc dormi à l’hôtel … dormi, c’est beaucoup dire car, le courant électrique ayant été coupé à je ne sais quelle heure, mon appareil anti apnée du sommeil a failli m’étouffer. Il était deux heures et quelques. Ce fut ensuite le coq et l’iman que se sont relayés jusqu’à l’heure du lever définitif. Entre temps, une petite wooba, m’occupa quelque peu.

         Huit heures. Deuxième messe, avec un peu de retard car la première, commencée à 6h 30, n’était pas encore finie. Église pleine, la messe est présidée par le p. Alfred, oraisons et homélies traduites par le catéchiste. Après le credo, chanté, vient la procession de la quête. Ça se dandine pour aller porter son offrande pendant qu’Albert me fait les commentaires. Entre parenthèses, autant le presbytère est négligé, mais Albert reçoit bien sous l’happatam, autant l’église est soignée. L’argent ne va pas dans sa poche mais dans les églises et l’équipement en puits des villages..

La procession de quête achevée, nous avons droit à deux processions d’offrandes, faites par deux associations qui ont demandé qu’on prie pour eux aujourd’hui à la messe ! Je suis inquiet car il faut accueillir les offrandes qu’elles portent sur la tête et les bassines emplies de riz pèsent bien 10 kg !

Ce n’est pas la dernière procession car, outre celle de la communion, plus classique, il y a la procession du premier dimanche du mois où l’argent est collecté pour payer les salaires. Un catéchiste appelle les gens par quartier. Le curé me dit, et je le crois, que ça engendre une saine émulation. Les servants s’activent pour trier tout ça afin que la comptabilité soit juste. Ça ne manque pas de charme et d’efficacité. Ce sens de la procession m’interpelle alors qu’en France nous les réduisons au maximum ! C’est qu’après la messe, il nous faut avoir le temps de passer chez le pâtissier !

Après la bière apéritive, suivie de la bière du repas, la bière digestive est propice (sans jeu de mots) pour une belle discussion entre prêtre sur la venue de prêtre Africains en Europe. Va en France, avait dit Alfred à Jonas. Ne demande pas d’argent. Ce qu’ils te donneront te pairea le voyage, pas plus. Mais au bout de plusieurs années tu te seras fat des amis qui alors t’aideront pour soutenir ton ministère en Afrique. C’est vrai que c’est mieux que de taxer directement le riche supposé que chacun de nous est à leurs yeux.

Nous rentrons,, avec les jeunes mariés qui ont fini leur voyage de noces ! J’achète un peu d’alcool pour partager lors de la dernière soirée au presbytère de Sokodé. Je crois qu’on en a oublié les vêpres ! À 22 heures, dodo !

LUNDI  5 JANVIER 2015

Dernier jour. On prend le temps qu’il faut pour demander la route, qui sera longue. Jonas, toujours attentif nous arrêtera dans un village où nous pourrons acheter quelques pagnes et calebasses qui nous rappelleront, s’il en était besoin, que nous avons séjourné ici. Longue, la route ; mais ce petit resto d’Atakpamé dont il faut que je me rappelle l’adresse, est encore accueillant. On y rencontre déjà quelques prêtres qui arrivent au rassemblement des prêtres autochtones dont Jonas manquera le début, ce qui lui fera peut-être perdre son élection à la présidence de l’association ! Nous logerons à nouveau chez les sœurs qui nous avaient accueillies à notre arrivée. Après la prière des vêpres elles auront enfin le sourire même s’il nous faut palabrer pour savoir comment on ouvre le portail à 3h 30 du matin !

Nous allons prendre notre dernier repas en ville : un magnifique bar par personne, Jonas en mange la tête avec appétit, un ananas et quelques bières à un prix pour nous dérisoire. Quel pays !


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