DJIBOUTI

DJIBOUTI

Notes de voyage Janvier 2008 Djibouti

Août 2007. Eric et Noëllie sont venus dîner ce soir à Langon. Cela va faire un an qu’ils sont coopérants à Djibouti, lui au sein de la Carias locale, elle dans la formation des maîtres de l’enseignement catholique .

« Tu viendrais une semaine en janvier ? » Cela me semble assez réfléchi pour que je réponde à l’invitation !

Me voilà donc parti pour 11 jours (moins chers qu’une semaine) dans un coin du monde que je ne connais pas. Dans ce cas là j’ai souvent sinon lu, du moins acheté un livre me préparant au voyage. J’avoue que dans ce cas précis je ne suis motivé que par la joie de passer quelques jours avec Eric et Noéllie et de pouvoir ainsi partager avec eux un bout d’expérience originale et, qui sait, d’aventure !

Dimanche 6 janvier 

16 heures 43. Je suis dans le train. Une joie sereine m’envahit. J’étais pourtant heureux tout à l’heure en célébrant l’Épiphanie, en faisant table ouverte avec mes collègue comme chaque premier dimanche du mois ou en présentant les vœux avec l’Equipe d’Animation Pastorale à ceux et celles qui voulaient bien les recevoir au centre Saint Jean à Langon.

Je ne verrai pas Libourne, toujours chère à mon cœur … je dors déjà ! Et je n’ai pas fait grand-chose d’autre jusqu’à Roissy-Charles de Gaulle.

Mais après, tout se complique

J’ai oublié de retirer de mon ordinateur la réservation pour l’hôtel Ibis. J’ai fini par en trouver un à je ne sais quel bout de l’aérogare. Avant moi, soixante-dix personnes attendent à la réception. Mon tour arrivé, je m’aperçois que je me suis trompé d’hôtel : en route pour celui qui est en ville … mais je me suis trompé de navette ! Le dernier chauffeur est plus complaisant que les autres, il est vrai que je suis seul dans le bus. 00h 20 : je suis au bon hôtel. 3 heures que papy, sorti de sa brousse, se perd dans un monde qui n’est pas le sien. Heureusement, le bar est ouvert à toute heure. Je vais pouvoir croquer quelque chose ! Finalement, non. Aujourd’hui, exceptionnellement, le bar est fermé. Je zappe quelques minutes sur d’innombrables chaînes de télé qui diffusent toutes les mêmes choses, un bout de bréviaire et dodo !

Lundi  7  janvier 

Le petit déjeuner est rapide. À 6 heures j’embarque dans le bon bus navette, descend au hasard au bon endroit, et, toujours au hasard puisque j’avais oublié de confirmer mon billet avant le ouiquende, prend le val jusqu’au bon terminal. J’enregistre mon bagage en 5 minutes. Il est 7 heures  … et j’ai droit à un petit déjeuner gratuit parc que l’avion a 3 heures de retard.

Tout est facile quand on est au bon endroit au bon moment : il faudra que je m’en souvienne !

A 8h ils ont voulu nous faire croire qu’il n’y aurait pas de retard, mais nous avons quitté Paris à 12h 15 … pour aller à Marseille ! En montant dans l’avion, j’ai l’impression d’être le Capitaine Haddock dans Coke en stock ! La plupart des passagers reviennent du pèlerinage à La Mecque et, en bon Marseillais qu’ils sont, descendront à Marignane. Entre 13h 30 et 14h 45 nous restons dans l’avion cependant que le personnel fait un grand nettoyage. Ma voisine est anglaise et je ne comprends rien à ce qu’elle me dit, sans doute à cause de son chewing-gum ! Plus loin, un couple avec deux garçons de 12 et 15 ans va me servir de poisson pilote. Pour être au bon endroit au bon moment, je vais les suivre !

Sachant qu’on est partis à 12h 30, que j’ai avancé ma montre de deux heures, que l’on devrait atterrir à 22 heures, combien de temps a duré le voyage, escales non comprises : 7h 30.

Sachant que l’avion Sana’a-Djibouti doit partir à 21 heures, et que l’avion Paris-Sana’a doit atterrir à 22 heures, comment va-t-on faire ?

On suit le mouvement et on arrive, après avoir attendu à plusieurs reprises…

Il est 1h 30, nous sommes le mardi 8 janvier. Éric m’attend avec André, prêtre Congolais. 

Dans le même avion il y a, depuis Sana’a, un couple d’agriculteurs Mosellans. Avec eux nous irons dès aujourd‘hui à Randa,  pour visiter un jardin scolaire et communautaire qu’ils financent en partie (mais il ne le diront jamais de cette façon là !). Monsieur Deschamps est pourtant bavard : dans le kilomètre qui sépare l’aéroport du presbytère d’André où ils viennent loger nous savons qu’il est allé en Colombie, et qu’il est maire et conseiller général dans les Vosges !

Eric me conduit à la cathédrale. Sa maison étant occupée par Gérald et Valérie qui ne parviennent pas à trouver un avion pour entrer en France, je vais loger dans la maison diocésaine : chambre, bureau, salle de bains, WC, ventilateurs … C’est parfait ! Je sens bien que quelques moustiques veulent faire connaissance, mais j’ai les yeux lourds ! Je dors. 

A 6h 45 les ouvriers font du bruit dans la cour. Je dors. Au bout d’un moment je regarde quand même ma montre : 10h 30 ! Je sens que je dormirais encore un peu, mais serait-ce bien raisonnable ? J’ai trouvé que, dans le train, je dormais déjà beaucoup, je me suis fait la même remarque dans l’avion …

Mardi  8  janvier 

Je profite du repos que prend Éric pour aller déambuler dans les rues avant le repas, sans inventer d’itinéraire trop scabreux qui m’amènerait à me perdre.

La voie ferrée qui passe entre la cathédrale et le golfe d’Aden est un bon repère. C’est par là que transite ce qui vient d’Éthiopie au sud, tout particulièrement les fruits et légumes, et ce qui est débarqué, ou embarqué, au port de Djibouti.

Les enfants sont les mêmes que partout ailleurs dans le monde, habillés de la même façon, après correction des variations saisonnières ; ils courent en sortant des écoles, s’amusent …. Ils pourraient quasiment chanter du Jacques Prévert, « en sortant de l’école »…

Pour le reste, c’est bien l’Afrique : les couleurs, les odeurs, la chaleur qu’un vent régulier rend tout à fait supportable. Je suis d’ailleurs venu à la saison la plus facile.

Les taxis m’interpellent, un militaire Djiboutien me demande ce que j’attends et tape un brin de causette en regardant le mouvement de la rue. Toyota est le plus grand constructeur automobile du monde, je sais pourquoi : je retrouve ici en plus des nombreuses voitures de cette marque, les minibus 9 places que l’on empruntait quand je suis allé voir Benoît, un frère d’Éric, à N’Djamena  et qui peuvent transporter 20 personnes.

La ville est plutôt propre, mais ce n’est pas Singapour avec qui elle voudrait, à terme, concourir. Certaines maisons sont belles mais beaucoup d’immeubles, dont la cathédrale, ont des problèmes de béton, un béton dans la composition duquel le sable marin fait des dégâts, comme à la cathédrale de Royan.

Vers 12h 15 nous allons au resto du quartier : jus de fruit Saba (excellent pamplemousse) et poulet frites. A la table voisine un couple de jeunes français, plus ou moins 28 ans, fait des mots croisés. Eric entreprend la conversation : « C’est vous qui …. ça s’est mal fini ! »  « Plutôt oui, bataille générale, nez cassé chez Madame. On a traversé toute l’Afrique pour en arriver là ! » C’est pendant la nuit du 1° janvier qu’ils ont été mêlés à une bagarre, alors qu’ils fêtaient tranquillement leur retour à la civilisation, celle où l’on se bagarre parce qu’on a trop bu ! Ils envisagent de rentrer en France jeudi, ne sachant que faire du camion Mercedes difficilement négociable ici et qui leur a permis de faire le tour de l’Afrique en un an : Portugal, Espagne, Maroc, Algérie, Mauritanie, Mali, Burkina, Niger, Tchad, Nigeria, Cameroun, Centrafrique, Congo, RDC, Zambie, Namibie, Afrique du Sud, Mozambique, Tanzanie, Kenya, Ethiopie, Djibouti, j’ en oublie peut-être. Lui, ne sachant pas au départ qu’il faut de temps à autres nettoyer un filtre à gasoil, a eu parfois très peur sur les routes et a, en tout cas, fait d’énorme progrès en mécanique : pannes diverses, ensablement, rupture d’amortisseurs, de barre de direction …

Eric parle du volontariat, de la Délégation Catholique à la Coopération. Ça a l’air de leur plaire. D’ailleurs le garçon a travaillé avec le Père de Parcevaux à Paris dans son combat contre la drogue. Ils ont l’air heureux que l’on ait parlé ; ils ont d’ailleurs de quoi être heureux tout simplement parce qu’ils sont vivants. Quelque part en moi, je les envie …

Nous passons au presbytère d’André, de la consolata. Concession simple et coquette proche de l’aéroport. Nous prenons là M. et Mme Deschamps et direction : Tadjourah. 173 kilomètres de route, alors que c’est de l’autre côté du golfe, 35 km à vol d’oiseau. Mais le bac est tellement aléatoire… Je pense à mes collègues du Cap Ferret quand ils vont à la rencontre de ceux d’Arcachon. !

Ici, il y a moins de monde mais beaucoup plus de camions tant qu’on est sur la route vers l’Éthiopie. Chargés à mort, nombreux, ils roulent à très faible allure dès qu’il y a une pente, ascendante ou descendante. Le reste du temps, ils se méfient de quelques gros trous dans le bitume.

Après Wéa nous continuons vers l’ouest avant de bifurquer au Nord pour passer entre le golfe de Goubbet et le lac ‘Assal, le bien nommé. Nous sommes alors sur l’autre rive du golfe de Tadjourah. Avant cela nous nous sommes arrêtés au bord d’un magnifique canyon et au lieu tout proche, mais bien moins abrupt, où le juge Borrel a été suicidé. Au canyon, il n’aurait pas eu besoin de s’y reprendre à deux fois ! (Voir note 1)

Après 3 heures de route nous allons d’abord chez Philomène, Laïque consacrée Belge présente ici depuis 40 ans. Au service de l’enseignement, dirigeant un L.E.C (lire, écrire, compter), elle est ici avec Odile qui, rentrée plusieurs fois en France, ne peut s’empêcher de revenir vivre ici !

Chez elles tout est simple, propre et fleuri. Très accueillant aussi. Nous laissons là des cartons de linge puis Éric nous fait faire quelques détours avant de nous conduire chez les frères des écoles chrétiennes. Bernard, 78 ans, et Bruno tiennent depuis longtemps un site d’enseignement technique : mécanique, menuiserie, électricité. Ils manquent de relève. Il y a pourtant là Damien, 22 ans, coopérant Vendéen qui vit et travaille avec eux.

A 18h 30 nous célébrons l’eucharistie dans leur petite chapelle. Nous lisons l’évangile de la multiplication des pains : Il y aura à manger pour tout le monde, il suffit d’être au bon endroit au bon moment. Pourrai-je donner à chacun la ration dont il a besoin ? Oui, si je suis au bon endroit au bon moment.

Mercredi  9  janvier 

Laudes à 7 heures, petit déjeuner ensuite et départ à 8 heures. Nous allons visiter le jardin communautaire de Randa. Nous roulons sur la piste. Le paysage est sauvage, tout est sec. Il n’y a aucun cours d’eau permanent à Djibouti et il n’a pas plu depuis longtemps. Il paraît qu’actuellement la nature devrait être verte, mais ils en sont à couper les branches des arbres pour donner le feuillage en nourriture aux chèvres.

Nous nous arrêtons chez le chef de clan Adan Bocka. Une de ses petites filles nous fait entrer dans sa case, en fait le lieu où il dort, et nous sert du thé. Il reconnaît Éric, nous salue et nous passons là quelques minutes de rencontre. Il veut se faire photographier et montre avec fierté une photo qu’Éric avait faite et qui trône en belle place dans sa case.

Il vient avec nous jusqu’à l’école. deux grands bâtiments accueillent des enfants, sauf aujourd’hui car c’est la fête du jour de l’an. Nous avons d’ailleurs croisé le maître en montant ce matin. A 150 mètres de l’école quelques hommes construisent le mur d’enceinte du jardin communautaire. Il est placé là pour qu’il y ait un lien avec l’école. Les Afars sont d’abord nomades et ont besoin d’apprendre l’agriculture. Le petit muret doit protéger des chèvres et du vent qui souffle ici en permanence et qui dessèche tout. Éric a l’air content de l’évolution du travail. Nous allons jeter un coup d’œil sur la citerne château d’eau qui paraît fort bien entretenue. Nous allons ensuite dans un autre village où nous visitons l’école. C’est vite fait puisqu’il n’y a qu’une classe dans une construction traditionnelle faite de branches plantées dans le sol qui se joignent pour former le toit, le tout étant recouvert de nattes finement tressées. On voit d’ailleurs un peu partout dans le pays que les femmes passent beaucoup de temps à tresser des nattes ou autres objets. C’est le seul artisanat local. Ce qui n’est pas typiquement local, c’est que ce sont les femmes qui travaillent le plus …

Cette école est en relation avec le PAM (Programme Alimentaire Mondial). A la mi-journée, chaque enfant engouffre une assiette de spaghetti quasiment bolognaise. Nous sommes nous-mêmes accueillis chez le chef du village pour un repas somptueux. Assis à terre, appuyés sur des coussins, nous mangeons du cabri grillé, des spaghettis, le tout avec les doigts !

Sur le chemin du retour, nous bifurquons pour passer à Ardo. Il s’agit d’annoncer que ce n’est pas la caritas qui financera le puits, car elle n’en a pas les moyens, mais plutôt « la croix rouge/croissant rouge » davantage spécialisée dans de tels programmes. Je ne sais pas si Éric est entendu.

Pendant que, tout en buvant du thé, nous parlons avec l’instituteur qui s’est marié l’an dernier avant d’avoir une petite fille cette année et deux ou trois autres personnes,  les femmes préparent l’exposition de leur artisanat. Elles font des sets de tables, plateaux, nattes et autres objets tressés. Elles mettent leur production en commun pour la vente, le prix étant écrit sur l’objet à vendre. Ici, pas de marchandage. Ici une conscience communautaire et une entraide, une partie du prix de vente étant versée à un pot commun.

Le soir, nous retrouvons Bernard, Bruno, Philomène, Marine et Damien à 18h 30 pour la célébration de l’Eucharistie. La soirée se poursuivra avec un thon pêché du jour et arrosé d’un La Louvière sec fait par un frère d’Éric.

Plus tard dans la soirée frère Bruno et Damien parlent longuement du centre d’apprentissage, des difficultés et des joies avec les enseignants, de l’avenir incertain, des pensionnaires …

Jeudi  10  janvier 

8 heures, nous partons, 10h 15 nous sommes dans les faubourgs de Djibouti. Nous déjeunons avec Gérald et Valérie qui prendront, peut-être, l’avion ce soir. Je profite de l’après-midi pour lire sous le ventilateur, j’apprécie le  temps donné pour  être tranquille et  lire donc tranquillement. A 18h 30 je vais concélébrer avec Mgr Bertin, évêque Italien de Djibouti qui célèbre ce soir en anglais. L’assemblée est composée d’une soixantaine de personnes essentiellement Philippins, la prédication étant assurée par le P. Christopher. C’est un Toledan, de père Anglais. Je le reverrai quelques jours plus tard à la télévision française dans un reportage qui montre son action en République Dominicaine d’où il fut expulsé. Il s’apprête à rester quelques jours à Djibouti pendant l’absence Romaine de l’évêque, avant de pénétrer en Somalie. Respect.

Après la messe, nous retrouvons Éric et Noëllie, Gérald et Valérie pour l’apéritif à l’évêché. « Mama mia ! Servez-vous comme vous voulez » dit Giorgio. « on n’est pas en France ici, n’attendez pas que je vous serve pour penser que je ne vous en donne pas assez ! Si vous en voulez peu, prenez-en peu, si vous en voulez beaucoup, prenez-en beaucoup. » Mgr Bertin a l’air content. Après le départ des 2 couples qui vont à l’aéroport, nous nous retrouvons 5 à table : Monseigneur, Frère Bruno de Tadjourah, Frère André compagnon de l’évêque, P. Christopher et moi. Le repas est simple et fraternel « Je suis content de n’avoir plus rien à faire ce soir » dit l’évêque. La conversation va sur Djibouti, l’Eglise à Djibouti (j’aurais besoin d’un prêtre pour deux mois !), la Somalie, l’Europe, les légionnaires du Christ, l’Opus Dei, l’Emmanuel, la politique, les Français à Djibouti, l’évêque qui est souvent amené à rappeler qu’il n’est pas Français mais Italien, et donc pas colonial, du moins sur ce territoire.

On perçoit que l’Eglise souffre de la situation politique conséquente à l’affaire du juge Borrel. Les articles de presse témoignent de l’amalgame qui est fait ; le procès en pédophilie fait à l’église est monté de toutes pièces et personne n’ose réagir. Dans la rue, auprès de leurs élèves et des parents, les Français sont bien vus. Mais une bourgeoisie nouvelle veut montrer son indépendance vis-à-vis « des blancs » et en rajoute un peu.

Vendredi  11  janvier 

Ça commence par le robinet qui coule à sec. Heureusement que j’ai fait un peu de lessive hier au soir. Chez les Caillard, personne ne bouge : ici, le vendredi est férié. Après avoir pris le temps de la prière, à Dieu Notre Père, et de la lecture (dont un article fort intéressant que je trimballe dans mon sac depuis six mois), je pars en ville. La température est encore supportable. Je vais vers le marché. Tout est calme, vendredi oblige. Le marché est ouvert mais il y a peu de monde pour le moment. En passant devant une banque j’essaie de retirer de l’argent mais le guichet automatique refuse ma carte. Dommage ! Je n’ai rien bu, rien mangé ce matin, j’apprécierais même un coca-cola ! Depuis là je parcours quelques rues tout en m’approchant de la présidence, puis je vais jusqu’au port autonome. Une grue débarque les containers, les range, les change de place pour accéder à d’autres placés dessous : c’est un véritable rubiscube !

Je marche jusqu’au niveau de la résidence présidentielle, bien protégée, puis, revenant sur mes pas le long du port, poursuis sur l’autre rive de la presqu’île du Héron jusqu’au nouveau grand hôtel « KEMPINGSKI », fréquenté surtout par des touristes fortunés, princes arabes compris. En revenant vers la cathédrale, je traverse un quartier résidentiel raisonnablement construit. Les gardiens sont dehors, surveillant d’un œil les va et vient des uns et des autres. Il est midi, il fait chaud. J’ai marché au moins 8 km, sinon 10. Rien de très beau dans cette ville, rien qui donne envie de s’y promener. Mais on peut marcher avec plaisir sans être importuné, pas même par les enfants, et c’est bien agréable.

À midi nous déjeunons Noëllie, Éric et moi avec Guillaume qui travaille à l’ambassade. Il revient de France où sa femme et sa fille de 6 mois sont restées quelques jours supplémentaires. « Je suis seul ici, ou plutôt, elles sont seules en France !»

Guillaume en sait plus qu’il ne veut bien le laisser croire. La conversation est intéressante et bienveillante sur l’église et ses malheurs du temps car l’Église à Djibouti ne va pas très bien : Armando, prêtre colombien, directeur de la caritas, fait une légère déprime. Sandro, prêtre italien, est en prison après avoir été faussement accusé de pédophilie. On lui reproche surtout, mais ce n’est pas dit, d’avoir écarté certaines personnes influentes qui se servaient de la caritas pour leur promotion personnelle ou celle de leur portefeuille. L’aumônier militaire n’est pas très coopératif ou du moins coopère surtout avec lui-même et l’évêque, Mama mia, s’apprête à décoller pour la visite ad limina.

Guillaume confirme un refroidissement dans les relation Franco-Djiboutiennes et une certaine paralysie côté Français empêchant de défendre le P. Sandro, certes Italien, et les militaires Français accusés de pédophilie, faussement. Sur ce point tout le monde est d’accord. § documents annexes.

J’ai dit : « Il suffit d’être à la bonne place au bon moment ! »

Guillaume a poursuivi : « à condition que d’autres n’aient pas davantage besoin de toi ailleurs ! »

Ça me semble très juste !

Retour à Tadjourah. La route est longue mais la conduite de Noëllie efficace. Vers l’arrivée, à un endroit où nous sommes obligés de rouler au pas à cause de l’état de la chaussée, un homme nous interpelle pour que nous conduisions une jeune fille cardiaque à l’hôpital ! Mais derrière lui nous reconnaissons une villageoise d’Ardo et la cardiaque n’est autre que Fatouma, future sage-femme, promotrice convaincue de l’association artisanale d’Ardo. En riant, elle en pâlit de confusion, nous l’amenons à Tadjourah où les frères et Damien nous attendent. Philomène et Odile sont là pour la messe : le Christ est prêtre et pasteur, pour Dieu et pour les hommes. Ainsi, l’Eglise, ainsi le prêtre que je suis : pour Dieu et pour les hommes, ceux d’ici et ceux qui nous sont confiés. Je pense à eux dans ma prière ce soir, comme en de nombreuses fois au cours de la journée.

Que fait l’église à Djibouti, à Tadjourah, Ali Sabieh ou encore Obock où demain je célèbrerai la messe ?

Elle montre pour une part qu’il y a une autre façon de faire, de vivre que le « système musulman ». D’autres repères qui d’ailleurs ne sont pas incompatibles. Renoncer à une présence serait renoncer à ce témoignage.

Elle est aussi terre d’accueil pour tous les chrétiens immigrés ou en transit. Parmi eux il y a certes des Français, en dehors des militaires qui ont leur aumônier, mais aussi des Ethiopiens, Somaliens, Philippins, Africains de l’Ouest et sans doute quelques autres. D’ailleurs, qui est allé parler à Genève de la condition des migrants ? L’évêque de Djibouti.

Elle est ce lieu où la transcendance de Dieu vient dans l’humilité et parfois même dans la persécution pour rencontrer l’homme au plus près, C’est l’incarnation qui continue.  C’est la vocation de l’église d’être en ces lieux à la rencontre des pauvres. La Caritas en est un signe et l’instrument. Cela n’empêche pas la recherche de la justice, du droit et d’une certaine efficacité au risque même d’être incompris ou rejetés car le souci de vérité, d’honnêteté est une bonne façon de se faire des ennemis durables.

Elle est aussi le témoignage de l’amitié de Dieu pour les hommes, amitié dont les hommes eux-mêmes sont les acteurs. L’église à Djibouti, comme dans d’autres lieux du monde de façons fort diverses, est sur son chemin de Croix. La communauté, c’est 150 personnes. A Ali Sabieh, il n’y a plus de prêtre puisqu’il est en prison. C’est un jeune américain, candidat séminariste pour le diocèse de Djibouti qui « tient la maison ». Les chrétiens, tous étrangers sont mal vus mais pourtant, beaucoup mettent leurs enfants à l’école catholique. 

A Tadjourha, ce sont les frères et Damien, coopérant ; Philomène et Odile. Cela fait 5 personnes. Mais tout le monde connaît le P. Armando, religieux de la consolata, qui vient souvent ici mais qui est au repos actuellement.

A Djibouti, c’est le P. André, de la consolata, l’évêque, les religieuses de la charité et de la consolata et les Sœurs de la présentation ainsi que les Sœurs Franciscaines tenant l’Ecole de la Nativité. Et quelques coopérants, de tous âges. Je n’oublie pas l’essentiel des troupes mentionnées plus haut : les migrants.

Samedi  12  janvier 

J’ai consacré la matinée à l’écriture, la prière, la lecture et la promenade dans Tadjourha (on a vite fait le tour !) J’ai pu lire plusieurs numéros de La Croix de la période de Noël que je n’avais sans doute pas pris le temps de lire correctement ! C’est la même chose à chaque période de vacances : je retrouve le goût de la lecture et je m’en porte bien. J’ai pu prendre aussi un peu de temps pour penser au carême, dans le cadre où à la suite des catéchèses sur Vatican II dans le diocèse. Quel bonheur de prendre du temps sans être dérangé par le téléphone, le bureau recouvert de papiers auxquels il faudrait, ou même il faudra répondre. Je pense aux collègues et à ceux et celles qui se rassemblent ce ouiquende. Car ici aussi, même si le vendredi est férié, le dimanche est bien le premier jour de la semaine ! Je pense à ma mère hospitalisée avant mon départ. Je me demande si elle souffre encore, si elle a pu revenir chez elle. Par rapport à tout ça je me sens démuni et j’espère que je suis bien à la bonne place au bon moment.

Nous sommes partis vers 14h, Damien et moi, conduits par 2 jeunes guides, plus la grand-mère de l’un d’eux qui passait par là, pour visiter les jardins de Bankoualé.

J’avais auparavant  déjeuné chez Odile et Philomène, Noëllie ayant travaillé le matin dans leur L.E.C. Elles sont enseignantes à Djibouti depuis 36 et 40 ans : si les syndicats de la fonction publique savaient ça ! Et voilà qu’elles se permettent de me demander une opinion, à moi qui suis là depuis 5 jours ! « Faut-il avoir une opinion ? »

Je préfère poser une question : Pourquoi être là ? La réponse vient, comme plus haut : Pour montrer qu’il y a autre chose et une autre manière d’agir, d’être en rapport au monde et aux autres. Mais aussi, et en même temps, pour témoigner de l’amitié au Nom du Christ.

Voilà d’ailleurs la mission de l’église : être là, fidèle au Christ, proche des hommes ; pour Dieu et pour les hommes. Quand on pense que Notre Seigneur, quand il est venu au monde, a commencé par dormir, il faut revoir et corriger nos notions de rendement !

Les gens les respectent, disent-elles. Les gens les aiment, précise Noëllie.

Bref, nous sommes allés à Bankoualé. On prend cette infâme piste d’Ardo et l’on continue quelques kilomètres. Il y a là un campement pour touristes, propre, simple, fleuri, rustique. Les gens qui viennent ici n’y viennent pas par hasard, et c’est tout à leur honneur.

Ensuite, plus haut, tout au long de l’oued qui « coule à sec » il y a de part et d’autre quelques jardins qu’un jeune homme nous fait arpenter. Quelques hommes sont en train de ramasser des haricots verts qui seront vendus pour les blancs jusqu’à 700 francs le kilo (1000 francs = 4 €). Quand elle vient, Philomène les discute et les emporte à 400 francs, mais elle est Belge ! Quelqu’un nous dit que les Français sont plus généreux !

Il y a des tomates, des mangues, de la pastèque … et c’est l’hiver !

En remontant l’oued, nous parvenons à une cascade qui fait penser de très loin, de très très loin même, aux chutes du Niagara. En fait, une source surgit un peu plus haut et donne une eau potable qui circule à travers les jardins par un système de canaux d’irrigation.

Nous concluons par les jardins du sultan qui trouve le moyen d’utiliser un moteur pour faire remonter l’eau à leur niveau.

Au retour, on ne voyage jamais à vide ! Nous prenons à notre bord Monsieur Cano qui parle la langue française comme Monsieur Brun chez Pagnol. Il a d’ailleurs passé deux ans à Lyon, à l’INRA, plus quelques stages. Ceci explique cela : pourquoi et comment dans cette vallée reculée, il y a un peu d’agriculture vivrière ainsi qu’à but commercial.

La descente me permet de parler avec Damien du pour quoi et du comment de sa venue ici, de son avenir …

Nous arrivons juste à l’heure pour la messe anticipée en cette fête du Baptême du Seigneur. L’assemblée est au complet, la totalité des chrétiens de Tadjourha est là : Bruno, Damien, Bernard, Noëllie, Odile, Philomène et moi !

Je pense au diocèse de Bordeaux, aux chrétiens de Langon et de Podensac, à ceux qui vont à la messe et à ceux qui n’y vont pas. C’est vrai : on ne prie pas souvent, dans la prière universelle, pour ceux qui n’ savent pas la richesse de l’Eucharistie dominicale.

Dimanche13  janvier 

6h 30 : départ pour Obock, première installation française à Djibouti. Nous roulons deux heures sur la piste, à coté de la route en construction. Nous allons chez 3 sœurs indiennes dont deux tiennent une école, la troisième travaillant à l’hôpital. Ça a beau être dimanche, Noëllie fait son travail ! Je passe la matinée à me promener sur la plage où quelques enfants viennent tourner autour de moi avant que des adultes ne les rappellent à l’ordre. La chaleur augmentant, je me réfugie dans ma piaule, à deux rues de l’école des sœurs, pour lire et pour écrire. Je suis dans la maison des prêtres, très rustique : une cour, douche-WC dans la cour, 2 chambres avec lit, table, chaise. Un fauteuil en fin de carrière.

Je vais prendre une douche dans la cour, à la mode Indonésienne : Un pichet à remplir dans un réservoir d’eau, avec lequel l’aspersion est efficace : je ne connais rien de mieux ! Quand je veux revenir à la chambre, la porte est fermée : moment de grande solitude ! J’ai heureusement dégotté un fil de fer qui m’a permis d’ouvrir à nouveau. Je me voyais mal partir chez les sœurs en caleçon !

Dès mon arrivée, elles m’ont dit : « Vous ne voulez pas rester ici ? » D’un coté, ce n’est pas très gratifiant, puisqu’elles ne me connaissent pas ! Par ailleurs, et c’est essentiel, c’est le prêtre qu’elles attendent pour l’Eucharistie. Chaque dimanche, un des prêtres vient concélébrer à Obock après avoir officié à Tadjourah la veille au soir. La quête ne couvre pas les frais mais, pour l’Eucharistie, que ne ferait-on pas ! En temps normal, ils sont quatre : l’évêque Giorgio, Sandro qui est en prison, Armando qui est au repos et André qui résiste !

C’est dimanche : la salle a la dimension d’un petit wagon de chemin de fer. Les tables et les bancs, blancs, sont fixés au sol. Je suis au fond de la pièce, entre la machine à glaçons qui se réveillera pour l’action de grâces et l’assemblée, composée d’une vingtaine de personnes : Noëllie, les 3 sœurs, des Philippins, un Indien originaire de la même région qu’une des sœurs et un français qui dirige un chantier immergé. C’est l’Eglise !

Nous célébrons le baptême du Seigneur. Il est descendu au Jourdain comme il descendra au tombeau. Il remonte du l’eau du côté de la Terre Promise comme il surgira du tombeau au matin de Pâques. Il nous relèvera tous avec Lui, notre frère. Les sœurs traduisent au fur et à mesure car j’ai refusé, ayant encore un certain sens du ridicule, de célébrer en anglais ! La dernière fois que j’ai parlé anglais, c’était en décembre 1969. Toute la classe a éclaté de rire, prof compris. J’ai bien été obligé d’ânonner quelques mots au bac, moins pire que prévu, ou encore au Ghana. Là, j’ai brillé, en compagnie de deux couples de prof d’anglais, j’étais le seul à comprendre quelque chose à l’anglais de la brousse Ghanéenne ! Mais depuis, j’ai préféré m’abstenir.

Le rythme et les mélodies des chants sont … originaux, même s’il me semble reconnaître le Gloria de Lourdes ou quelque autre chant connu de nos services. Certains pensent que le grégorien est un chant international. Il l’est sans doute comme l’anglais, la langue la plus déformée du monde ! Même dans nos contrées, nous sommes aujourd’hui trop formatés par les rythmes binaires pour pouvoir chanter le grégorien sans faire un vrai travail pour en respecter l’écriture. Il repose sur une forme de mesure disparue et suppose une sensibilité musicale ignorée aujourd’hui et, en plus, il est d’une écriture dont la lecture est difficile, même pour des musiciens. L’écoute intensive actuellement  de musiques postérieures au XVI° siècle, écoute développée par la radio et le disque puis le CD, encouragée par notre difficulté à demeurer en silence, a fini par transformer la perception de la musique et à donner à nos contemporains un autre sens de la rythmique et de la tonalité. D’ailleurs les adeptes du grégorien nous sortent régulièrement la Messe des Anges qui est du XVI° siècle très marqué par les débuts de la tonalité. Quant à ce chant du gloria qui n’a rien de grégorien mais qui est pourtant écrit pour des foules internationales, il a quand même souffert en traversant les mers.

Mais revenons à nos moutons : c’est en français et traduit. Et comme partout ailleurs dans le monde, dans ce bungalow made in U.S.A. et surveillé par des soldats de l’armée états-unienne, le miracle s’accomplit : Le Christ est là. Il s’offre à nous et à son Père, il rejoint notre humanité si désunie. Pour ces hommes [on croirait une assemblée de séminaristes tant les hommes sont proportionnellement en surnombre] c’est la seule ouverture dans leur vie quotidienne. Le ciel s’ouvre à eux pour qu’ils vivent. Les états-uniens ne veulent pas qu’ils sortent du camp sinon pour aller au travail sous bonne escorte. Ils trouveraient meilleur salaire dans d’autres boîtes même si, ici, ils ont un cadre préservé et une nourriture régulière, ce qui leur permet probablement d’envoyer leur salaire chez eux.  … Mais on n’est pas très loin de l’exploitation …

Après la messe, ils nous offrent deux gâteaux qu’ils ont faits et que nous dégustons avec précaution et parcimonie. Une des sœurs parle avec son compatriote trop heureux de rencontrer, chaque semaine, quelqu’un du pays.

Le soir, nous dînons chez les sœurs avant que je rejoigne mon presbytère. Les sœurs m’ont demandé de célébrer l’Eucharistie demain à 6h 30. Quel métier !

Lunid14  janvier 

construction

  1. Blocage dans l’enquête sur la mort du juge français Bernard Borrel.

Paru le: mardi 03/10/2006 

« Djibouti ne se pliera jamais au bon vouloir de la justice française », a prévenu le chef des services secrets de Djibouti, Hassan Saïd, objet d’un mandat d’arrêt lancé par la justice française dans le cadre de l’enquête sur la mort du juge français Bernard Borrel à Djibouti. Le 19 octobre 1995, son corps à demi calciné avait été découvert au bas d’une falaise, à 80 km de la ville de Djibouti. La justice de Djibouti a conclu à un suicide. Mais la veuve du magistrat, Élisabeth Borrel, qui accuse Djibouti de faire obstruction à l’enquête et qui est convaincue que son mari a été assassiné, a engagé en 2002 des poursuites en France. 

  1. Une juge convoque le président de Djibouti

Paru le: jeudi 15/02/2007 

La juge Sophie Clément, chargée de l’enquête sur la mort du juge français Bernard Borrel en 1995 à Djibouti, a demandé à entendre comme témoin, vendredi à Paris, le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, qui doit participer au sommet Afrique-France à Cannes. L’« affaire Borrel » suscite de vives tensions entre Djibouti et la France, qui possède une importante base militaire dans ce pays de la Corne de l’Afrique. En mai 2005, la juge avait déjà demandé l’audition d’Ismaïl Omar Guelleh, lors d’une visite à Paris, mais ce dernier avait bénéficié de l’immunité accordée aux chefs d’État, ce qui devrait à nouveau être le cas cette fois-ci. 

  1. L’Afrique déshéritée a trouvé un avocat.
    1. L’évêque de Djibouti demande au HCR d’étendre sa protection à tous les migrants. 

LACUBE Nathalie

Paru le: vendredi 28/09/2007 

Mgr Giorgio Bertin, évêque de Djibouti et administrateur apostolique de Mogadiscio, est venu cette semaine à Genève témoigner devant le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU, de l’insoutenable détresse des milliers de Somaliens, d’Éthiopiens et d’autres migrants africains qui passent dans son diocèse. « Arrivés au port somalien de Bosasso, ils essaient d’entreprendre la grande traversée de 300 km du golfe d’Aden vers le Yémen. On ne les voit pas si on n’ouvre pas les yeux. Ils n’osent pas se rendre dans nos dispensaires, même malades. Ils ont intérêt à ne pas se montrer, et on ne se rend vraiment compte de leur passage que quand il y a des accidents », raconte l’évêque, un franciscain italien, membre du comité exécutif de Caritas. 

La traversée se fait dans des conditions épouvantables et les drames sont fréquents. « Ils meurent de suffocation dans des cales ou jetés à la mer par les trafiquants qui refusent d’aller jusqu’à la côte, noyés ou dévorés par les requins. » Sur les six premiers mois de 2007, on estime qu’environ 9 000 personnes ont tenté de fuir la Somalie en traversant le golfe d’Aden, sur ce nombre, 380 d’entre elles ont trouvé la mort… De plus, « beaucoup de ceux qui s’en sortent risquent de s’entendre dire qu’ils ne sont pas des réfugiés », explique Mgr Bertin, qui appartient à la Commission internationale catholique des migrations (ICMC). « Mon intervention à Genève en tant que porte-voix des communautés catholiques pour les questions de migrations consiste à dire que tous les migrants ont droit à la vie, et qu’il faut les traiter tous avec le même respect. Il faut réaffirmer cette position devant la communauté internationale pour faire élargir la protection du HCR, pas seulement aux réfugiés et aux demandeurs d’asile, mais aussi à toutes les personnes qui sont dans l’illégalité, qu’elles aient fui l’extrême pauvreté, le manque de liberté ou la guerre. » 

Reconnaissant qu’il n’y aura pas de solution facile, Mgr Bertin insiste sur le fait que « l’Église a le devoir de mener une œuvre de conviction pour que ces flux migratoires soient traités avec un regard plus humain, grâce à une meilleure collaboration entre États, organismes des Nations unies et ONG ». Se faisant l’avocat de cette région violente et déshéritée de la Corne de l’Afrique où il vit depuis 1978, entre la Somalie et Djibouti, Mgr Bertin estime être entendu à Rome. Le 5 avril dernier, la collecte de la messe du Jeudi saint célébrée par le pape avait été envoyée au dispensaire du diocèse de Mogadiscio, un geste de solidarité destiné également à sensibiliser les Églises locales dont beaucoup pensent qu’elles ferment parfois les yeux sur le flux de migrants de la misère passant devant leurs portes. 


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