Mercredi 15  avril N°31

Aujourd’hui, simplement pour sourire D’ici le 11 mai je vais bien être obligé de vous servir une fois ou l’autre un numéro plutôt inutile. Par exemple, aujourd’hui 15 avril, même si les fêtes de saints sont omises pendant la semaine de Pâques, il est des lieux où l’on fête Saint Elme. Mais pourquoi parler de ce saint ? Deux raisons : Il est (un peu) connu en Gironde. c’est d’ailleurs le Saint patron d’un lycée catholique d’enseignement, aujourd’hui confiné, en Arcachon. Et c’est le Saint Patron des mariniers qui est cité dans  le meilleur des Albums d’Hergé : « Tintin au Tibet » ! 

C’est là que ça se complique : Tintin le cite en parlant au capitaine Haddock page 39 et l’appellation du saint change suivant que nous lisons la version française ou la version espagnole.

En français : Saint Elme. En Castillan : San Telmo.(Voir ci-dessous)

Pour moi, c’est le même. Il s’agirait, d’après le très sérieux site nominis.cef.fr , du surnom d’un Dominicain espagnol du XIIe siècle, patron des marins, fêté le 15 avril dans la région d’Astorga. Pierre Gonzalès est né en 1190 à Astorga. D’abord chanoine puis entré chez les Dominicains. Il connait un grand succès comme prédicateur, obtient de nombreuses conversions. Il réforme la Cour de Ferdinand III. puis se met à évangéliser les pauvres et les matelots. Il va jusque sur leurs bateaux. Il meurt le 15 avril 1246. Béatifié par Innocent IV. Invoqué par les mariniers sous le nom de Saint Elme. (Dom Baudot).

Je l’ai rencontré sur le chemin de Santiago où je me suis souvenu de ce lycée fondé par des Dominicains qui en gardent la tutelle et de Tintin au Tibet, lequel, reconnaissons-le, ne fréquente pas beaucoup les églises mais a beaucoup compté dans mon éducation !

Feu de San Telmo en castillan,
Saint-Elme en français,
Saint Elmo’s fire en anglais

et Elmsfeuer en allemand

Bon, pourriez-vos me dire : Qu’est-ce qu’on fait de ça ?  Rien, un moment de distraction ; l’idée de chercher la source des prénoms de vos parents, de vos enfants, de vos petits enfants sur ce cite nominis.cef.fr ; de relire Tintin au Tibet, une ode à l’amitié et à la fidélité, en Français ou dans d’autres idiomes …

L’amitié de Tintin avec Tchang, vraisemblablement mort d’un accident d’avion dans l’Himalaya, fait qu’il ne désespère Jamais. L’amitié du Capitaine Haddock pour Tintin fait que, malgré quelques retours en arrière ou quelques hésitations à la façon de l’apôtre Pierre**, il suit Tintin quoiqu’il arrive. L’amitié de Tintin pour la Capitaine fait qu’il se sert même des défauts de Haddock pour qu’il donne le meilleur de lui-même. L’amitié, ou plutôt le respect du sherpa Tharkey pour ces étrangers plus têtus qu’un montagnard pyrénéen  fait qu’il les suit jusqu’au bout …

Aujourd’hui, l’Église nous donne à méditer le récit des disciples d’Emmaüs. Luc 24,13-35

                                                                         Votre Tintinophile curé, Gérard FAURE

** Heu … St Pierre, ne m’en voulez pas svp !

Pendant le temps pascal, à la place de l’angélus, on dit ou chante cette prière  
Regina Cæli, laetare, alleluia,        Reine du Ciel, réjouissez-Vous, alléluia
quia quem meruisti portare, alleluia.     car Celui que Vous avez mérité de porter
dans Votre sein, all…
Resurrexit, sicut dixit, alleluia.                 est ressuscité comme Il l’a dit, alléluia
Ora pro nobis Deum, alleluia.                  Priez Dieu pour nous, alléluia.  
V. Soyez dans la joie et l’allégresse, Vierge Marie, alléluia.
R. Parce que le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia.

Dieu, qui, par la Résurrection de Ton Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, a bien voulu réjouir le monde. Fais-nous parvenir, par la prière de la Vierge Marie, sa Mère, aux joies de la Vie éternelle. Par le Christ notre Seigneur. Amen. 

Jeudi 16 avril                  N°32

J’allais m’excuser de traiter ce sujet au cœur de la semaine de Pâques mais c’est au contraire un merveilleux moment pour le faire : Je veux parler des funérailles religieuses, du passage par la mort à la suite du Christ Premier-né d’entre les morts.
L’Église catholique a toujours pris soin d’accompagner les familles en deuil et de célébrer les funérailles. Les formes, les rituels ont souvent varié au cours de l’histoire, des circonstances, des cultures locales. On a connu des confréries de pénitents, des pleureuses, des manifestations diverses qui ont permis que jamais l’homme n’ait laissé les morts sans sépulture, même pendant les combats. Avec le devoir de ne pas propager le covid19, nous sommes soumis à plusieurs exigences : l’impossibilité de rencontrer,  pour préparer la célébration, les familles endeuillées. L’impossibilité de réunir dans l’église la famille au sens large, les amis, le voisinage.
La difficulté de célébrer les obsèques dehors, là où a lieu l’inhumation, sans les signes habituels : l’eau, la lumière, l’encens.

Et cela sans parler de l’épreuve que vit la famille dans l’impossibilité de voir le défunt et d’être présente à la fermeture du cercueil et d’autres réalités qui n’aident pas à faire le deuil.
Devant chacune de ces difficultés l’Église a réagi et ajusté sa proposition. Mes jeunes confrères vont donc célébrer des obsèques dans les cimetières communaux de nos deux secteurs pastoraux. Les fidèles laïcs qui participent habituellement à cette œuvre de miséricorde ont été, comme moi-même, encouragés à rester confinés (Allez savoir pourquoi)
II se passe là des choses intéressantes. Je l’avais déjà constaté un Samedi Saint où le rituel est réduit à sa plus simple expression, sans musique. Cela nous avait conduits à aller à l’essentiel : la foi. En l’absence de rite pour l’exprimer, la foi dépouillée est celle héritée de  St Thomas : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Jean 20, 29) Il n’y a pas grand chose à quoi s’accrocher. Il y a l’acte de foi, le fait de croire, de croire ensemble avec l’Église

C’est ce qui est proposé ces jours-ci lors de célébrations plutôt courtes, simples, avec, ne le nions pas, les difficultés propres à l’événement : l’approche de la mort peut révéler le meilleur mais aussi le plus difficile dans la vie de nos familles.

j’ai cité trois exigences dues aux circonstances, voici les façons dont nous y répondons :
La rencontre des familles se fait par téléphone ou par vidéo, souvent à plusieurs reprises.
La famille choisit elle même les « restrictions » de nombre. Les entreprises de Pompes Funèbres, merci à elles, aident à ce que cela se passe bien pour que ce temps au cimetière soit digne, calme et permette le recueillement. Reste une question qu’il faudra résoudre en son temps : comment ferons-nous pour proposer une célébration à l’Église avec ceux qui voudront, à juste titre, amis, voisins … prolonger, amplifier, développer l’à Dieu et la prière ? Nous ferons probablement au cas par cas ; ce qui est sûr, c’est que nous le ferons. Nombreux parmi vous seront amenés à y participer, comme par exemple pour la célébration eucharistique que nous proposerons suite aux obsèques de M. Morin inhumé mardi dernier. Portez dans la prière ces défunts et ces familles qui sont à une étape cruciale de leur vie et de leur foi. Elles font une belle confiance en L’Église et se rendent ainsi disponibles à la grâce de Dieu.


Vendredi  17 avril N° 33                           

 «Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson » Jn 21, 1

 Pas d’idée géniale, alors je rêve : Ha ! La rencontre avec quelqu’un qui fait griller du poisson au bord d’un lac, des pêcheurs qui reviennent la barque pleine, une température quasi estivale, … le bonheur, quoi ! Et en plus, le maitre du barbecue qui me dit simplement : « viens avec moi, on va parler. »
« Mais c’est Jésus qui réclame un moment d’intimité avec toi ! Avec moi ? oui, avec toi ! Je ne suis pas Pierre, je ne suis pas Jean, je ne suis qu’un pauvre curé de campagne qui se demande ce qu’il va bien pouvoir raconter à ses paroissiens, assidus ou non, habitués ou non… »
« Eh bien dis-leur que Jésus veut passer un moment avec eux aussi. Ce n’est pas toujours facile. Pendant la semaine Sainte ils ont été un peu aidés, mais maintenant … après l’annonce du 11 mai comme horizon probable, possible, on verra… Dis-leur qu’il y en a un qui n’attend pas le 11 mai : Il attend aujourd’hui, il veut dire aujourd’hui, il veut entendre aujourd’hui : je t’aime. Qu’ils lui disent tout simplement ! « Seigneur, Je ne sais pas te le dire, je ne sais pas t’entendre, mais je crois que je t’aime, je crois que tu m’aimes ».
« Si tu m’aimes Seigneur donne-moi de savoir rester un peu avec Toi et, restant un peu avec Toi, d’être rempli de force pour être avec mes frères, respecter mes frères en ce monde, agir en ce monde pour mes frères, mes voisins, mes amis, mais aussi ceux du monde entier qui sont pour beaucoup dans la même situation que nous en Asie, en Amérique, en Afrique où notre pays et notre église ont tant de liens. Ils sont tous les enfants de ton Père qui vivent dans le même monde créé et maintenant sauvé par la puissance de Ta résurrection. Tu nourris tes apôtres sur le bord du lac, apprends-nous à faire que tous les habitants de la terre, tous les enfants du même Père, puissent se nourrir l’âme et le corps. Tu confies une mission à Pierre, si tu nous prends pour un moment d’intimité avec Toi, fais-nous prendre conscience de la mission que tu nous donnes. »


Samedi 18 avril             N°34

        L’Afrique, le coronavirus et l’amitié

Plusieurs pays Africains sont touchés par le coronavirus. Vous pouvez d’ailleurs regarder le lien qui s’inscrit sous ma signature pour visiter une carte précise mise quotidiennement à jour. Les chiffres annoncés sont modestes par rapport aux dégâts connus en Europe mais l’Afrique du Nord est particulièrement concernée.

L’Afrique de l’Ouest l’est aussi, avec les difficultés propres à l’activité quotidienne d’une bonne partie de la population qui, pour se nourrir chaque jour doit gagner un salaire chaque jour, tout particulièrement autour des villes ou des gros villages et de leurs marchés.
Ceux qui sont allés une fois sur cette partie du continent Africain, dont plusieurs pays sont d’anciennes colonies Françaises, n’en sont généralement pas sortis indemnes ; je veux dire par là que l’on tombe facilement amoureux de cette terre et de ses habitants.
Nous connaissons un certain nombre de prêtres Africains qui sont curés en Gironde, engagés au service des missions de l’Église du diocèse de Bordeaux. Il en est aussi qui viennent l’été, à leur demande et à notre service. Ils viennent principalement du Burkina-Faso, du Sénégal, du Togo, de la Guinée Conakry.

Nous avions prévu d’accueillir cet été le P. Jonas, curé à Sokodé au Togo, que je connais depuis plusieurs années. Nous avions prévu … et il apparait de plus en plus clairement que les obstacles seront nombreux : Covid-19, obtention des visas, frontières entre les continents, les pays, vols d’avions supprimés etc. Jonas, à force de venir et de revenir, est devenu un ami. Ceux d’entre vous qui le connaissent l’apprécient. J’ai eu la joie d’aller le voir chez lui il y a quelques années.  Outre le travail qu’il va falloir organiser autrement ! Mais avec ou sans lui le programme jusqu’au 15 juillet et même plus est à reprendre. Jonas absent, c’est un ami qui va nous manquer cette année.
Même si nous avons beaucoup d’amis ici, les amis, Africains, que personne n’en prenne ombrage, ont quelque chose d’irremplaçable 


Dimanche 15 avril              N°35

L’apôtre Saint Thomas est bien connu, même par les non-croyants, mais il est injustement traité.       Je suis frappé ces jours-ci dans l’écoute des Évangiles par les mentions qui sont faites du manque de foi des apôtres. Oui, des apôtres, ceux à qui Jésus donne mission d’annoncer la Bonne Nouvelle de sa résurrection et de la force de Sa vie en nos vies. Allez voir, si vous ne me croyez pas !

MATTHIEU
28,16 Les disciples allèrent en Galilée …17 ils le virent, se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.

MARC
16,11
…ils entendirent que Jésus était vivant et qu’elle (Marie-Mad.) l’avait vu, ils refusèrent de croire.

1213 Ceux-ci revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus.
14 Enfin, il se manifesta aux Onze pendant qu’ils étaient à table : il leur reprocha leur manque de foi …

LUC
24,9 Revenues du tombeau, elles rapportèrent tout cela aux onze …11 …et ils ne les croyaient pas.

24,38 Jésus leur dit : … pourquoi ces pensées dans votre cœur ? …Il leur montra ses mains et ses pieds.    41 Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, …

ATTENTION ! je n’ai pas mis tout le texte pour vous inciter à aller vous-mêmes dans votre bible. Vous verrez que malgré leurs hésitations les apôtres sont appelés et envoyés. Jésus n’appelle pas les meilleurs, il prend ceux qui l’aiment et qui prennent le risque de croire.
Il n’y a pas dans les Évangiles synoptiques (Mt, Marc et Luc) la foi et l’incrédulité tranchées au couteau, Mais dans notre vie non plus où, bien souvent, il y a la décision de croire, le désir de croire, c’est à dire de surmonter le doute, d’aller au-delà du doute à cause de l’amour de Jésus et aussi des moments d’évidence grâce à l’Esprit-Saint et parce que notre foi s’appuie sur celle de l’Église, notre foi est la foi de l’Église.

 Pour prier aujourdhui dimanche https://bordeaux.catholique.fr/vivre-et-celebrer/fetes-et-liturgie/dimanche-de-la-divine-misericorde-19-avril-2020-proposition-dune-celebration-domestique Sur France2
Jour du Seigneur Dimanche 19 à 10h Chrétiens chlorophylles, garder le jardin. 11h Messe
https://www.lejourduseigneur.com/nos-programmes/

Regardons le 4° évangile où nous avons le texte d’aujourd’hui Jean 20,19-31

JEAN
L’Évangile de Jean est l’Évangile de la foi : Jn 1,49 « Nathanaël lui répondit : Rabbi, tu es le Fils de Dieu. » Jn 2, Cana … 2,11 « et ses disciples crurent en Lui »
Jn 3 Nicodème
Jn 4 La Samaritaine avec ses voisins « C’est vraiment lui le Sauveur du monde »
Jn 6 Le pain de vie 6,67 : »Voulez-vous partir? … à qui irions-nous : tu as les paroles de la vie éternelle »
Jn 9 l’aveugle-né 6,38 … alors il dit : »Je crois, Seigneur »
Jn 11 La résurrection de Lazare 11,45 « … beaucoup de juifs … crurent en Lui. »

                 Et Thomas l’incrédule
Jn 20,25 Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous … non, je ne croirai pas ! »
                Qui devient Thomas le croyant
Jn 20,28 « Thomas Lui répondit : mon Sauveur et mon Dieu. »

                 En 3 versets, il s’en passent des choses !
L’Esprit Saint qui sera pleinement donné à la Pentecôte est passé par là. (Dans l’Évangile de Jean l’Esprit-Saint est déjà donné par Jésus, c’est l’Évangile d’aujourd’hui Jean 20,22)

Quand je me sens faible dans ma foi, je demande l’Esprit-Saint. Quand je me sens faible dans ma foi, je pense et je rends grâce pour la foi de l’Église, Quand je me sens faible dans ma foi, je pense à Thomas qui passe de l’incrédulité à la foi. Quand je me sens faible dans ma foi j’écoute le prêtre qui me dit : « je te pardonne tous tes péchés » ou encore « Ceci est mon Corps, ceci est mon sang ; prenez et mangez, prenez et buvez. » Quand j’encombre ma vie de gadgets, de techniques .. je repense à la parole du Seigneur à Thomas :  Jn 20,29 Jésus lui dit : «Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu.»


Lundi 30 avril                      N°35

                                                                       C’est férié !


Mardi 21 avril                       N°36

                          Nouvelle époque ?

 « La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. » Actes des apôtres 4,32
Il y a des progrès : quelques chapitres plus haut St Luc écrivait : 2,44 « Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun » et plus loin 4,34 car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons les vendaient, et ils apportaient le montant de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres ; puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun. J’aime bien : « Personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre », j’aime bien parce que le socialisme intégral ça ne marche pas ; par contre, le partage, ça marche !

Le 2° concile du Vatican dit (Gaudium et Spes 69) : Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elles contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice, inséparable de la charité. Quelles que soient les formes de la propriété, adaptées aux légitimes institutions des peuples, selon des circonstances diverses et changeantes, on doit toujours tenir compte de cette destination universelle des biens. C’est pourquoi l’homme, dans l’usage qu’il en fait, ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais les regarder aussi comme communes : en ce sens qu’elles puissent profiter non seulement à lui, mais aussi aux autres.

Aujourd’hui apparaissent de nouvelles formes de rapport à la propriété et au partage des biens : habitat partagé, voiture partagée, location, covoiturage, groupements d’achat, habitat participatif,

 https://www.habitatparticipatif-france.fr/?HPFDefinition, AMAP http://www.reseau-amap.org/amap.php, résidences intergénérationnelles …

Dans notre monde, des femmes, des hommes inventent de nouveaux rapports pour une production, une consommation, de nouvelles formes de partage des biens efficaces et porteuses d’avenirs.

Pas si loin que cela des actes des apôtres.


Mercredi 22 avril                 N°37

Je vous confie une lettre que j’ai reçue il y a quelques jours déjà mais dont le cri résonne encore. Pour que ce cri monte vers Dieu avec les cris poussés par les psalmistes, avec les cris que des hommes poussent dans leur désarroi.

J’ai connu jeune la personne qui écrit. Elle a maintenant un mari, des enfants, une vocation à laquelle elle a répondu

Bonjour Gérard,

j’espère que tu te portes bien. Je travaille en maternité à l’hôpital, je rencontre beaucoup de femmes. Toxicomanes, alcooliques, seules ou comme si… des accouchements sous X,    des avortements, des morts fœtales, des bébés à terme qui décèdent, des femmes violées, violentées, des femmes seules qui cherchent  » juste  » un toit, Des nouveaux nés que l’on réanime mais à quel prix ?…. Dieu est souvent discret, très discret. Je garde, un peu, la foi en Dieu et en l’homme malgré tout… Toi tu le connais bien Dieu et le miracle de la prière.    La semaine prochaine et les semaines qui vont suivre, il y aura un pic du nombre de malades par rapport au virus. S’il te plaît prie pour nous les soignants. On manque de masques, de gants, d’espace, de matériel adéquat, pour accueillir le tsunami d’infectés. Les services qui se préparent pour la détection du virus sont pour l’instant avec des volontaires mais s’il manque des « volontaires » ce sera du personnel choisi avec une prime à la clé. Prie pour nous, toi tu sais. Nous avons tous peur, les soignants. Comme des soldats sans armes. Prie pour nous s’il te plaît. Il t’écoutera peut être toi. Prends soin de toi, je t’embrasse.

Je vous la confie, elle et tous les soignants.


Jeudi 23 avril                      N°38

 Permettez-moi aujourd’hui de faire plus léger avec une question ordinaire que certains n’ont malheureusement pas la possibilité de se poser. Un sujet choisi pour exprimer mon admiration pour celles et ceux qui s’occupent de cela chaque jour que le Bon Dieu fait. D’abord parce que d’autres fournissent la matière : paysans, agriculteurs ou éleveurs, distributeurs, saisonniers qui participent à la récolte parfois dans des conditions de travail difficiles, etc. Ensuite, parce qu’il faut faire le marché (et si on veut faire attention au prix, à l’origine et à la qualité, c’est un vrai boulot !) et se décider pour être prêt à l’heure dite.

Mais avant il y a LA question récurrente : Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? (Ce midi … !) …:/   

 C’est une question qui pourrait faire rêver, c’est aussi un moment de grande solitude puisque personne ne veut s’engager à dire ceci ou cela, surtout quand on a peur de la recevoir en boomerang. Au presbytère, nous sommes deux à faire la cuisine à tour de rôle, un jour après l’autre. Ce soir ça donnait : « On peut finir le lapin de midi ? ah ben non ! j’y comptais pour demain ! D’accord, mais ce soir ? Vous avez faim ? oui, « dit l’un, « pas trop » dit l’autre ! l’histoire ne dit pas ce que pense le 3°.

Et nous voilà plongés dans le frigo, pas trop quand même pour garder la distance des gestes barrière. Pour finir : soupe à l’oignon, jambon, salade, fruit.

Dans ce que vous faites chaque jour pour nourrir les autres, et vous-même par la même occasion, vous retrouvez la préoccupation du pasteur. Le pasteur, celui qui mène à la pâture, là où il y a des près d’herbe fraîche et où il fait bon reposer. Le pasteur qui se dit, et il ne s’agit pas que du prêtre : quelle nourriture vais-je donner ou plutôt transmettre pour que les autres, et moi-même, nous grandissions dans la foi, l’espérance et l’Agapé, la Charité »

Mafalda fillette créée par l’Argentin Quino Joaquín Salvador Lavado Tejón, né en 1932 à Mendoza


Vendredi 24 avril                 N°39

Je reviens sur le tombeau vide du dimanche de Pâques (N°29) et l’église vide de nos présences physiques. J’y reviens parce que je ne voudrais pas que nous cherchions le Seigneur là où il n’est pas alors que lui nous cherche là où nous sommes. Ils le cherchaient au temple, il est en Galilée, carrefour des nations, en plein vent du paganisme.

Nous croyons qu’il nous cherche quand nous sommes nickel chrome, bon-chic, bon-genre, propre sur nous, alors qu’il va chercher la Samaritaine, le lépreux, monsieur Zachée, le bon larron, et ce païen de centurion.. On aurait pu rêver meilleure compagnie ! Ne rêvons pas notre rencontre avec le Ressuscité. Il vient vous voir chez vous, dans votre maison, dans votre cœur, au cœur de votre vie avec vos contradictions, votre péché, vos tiraillements, vos errances. Et pourquoi dis-je vous, alors que je veux dire nous ? Nos laideurs et notre beauté.

Alors en priant encore ou en commençant à prier dans la solitude de votre maison ou dans la difficulté de votre prière domestique, ne fuyez pas votre cœur, n’ayez pas peur : il est là, il a franchi la porte du tombeau, il peut bien franchir la porte de notre cœur. Et n’allez pas chercher la neuvaine à St truc ou St machin, ou même de saints plus remarquables. Ils sont saints parce qu’ils ont laissé entrer le ressuscité dans leur vie, avec les mêmes difficultés que nous. Et s’ils ont eu des grâces spéciales Le Seigneur nous en donnera aussi. C’est cadeau. Ce n’est pas un dû, c’est cadeau.

C’est Lui d’abord qui a envie de nous, de l’humanité, du monde qu’il sauve.

Ne fuyons pas à l’extérieur de nous même, fonçons dans l’amour des autres et appuyons-nous sur la pauvreté de notre cœur. Dieu seul la transformera en richesse.


Samedi 25 avril               N°40

Le dimanche, ça se prépare !

Les premiers chrétiens l’ont compris avant même de « faire » de la théologie : c’est le dimanche que ça se passe ! Le chapitre 24 de l’Évangile de Luc fait le récit du premier jour de la semaine, du premier dimanche : C’est du matin au soir la rencontre du ressuscité avec ses disciples ; et quelle catéchèse ! Le caté du dimanche, ça commence tout de suite, trois jours après la mort de Jésus. Ils ne s’y sont pas trompés. Pour célébrer le Christ et en vivre ils n’ont pas pris l’anniversaire de sa naissance -qui reste assez approximatif- ils n’ont pas pris le vendredi jour de sa crucifixion*, ils ont pris le dimanche, le premier jour de la semaine, le jour de la ré-création ; le 8° jour, 7+1, le jour de la résurrection.
Demain dimanche à la messe nous entendrons ou nous lirons le récit de la rencontre de Jésus avec les disciples d’Emmaüs, justement dans le chapitre 24 de l’Évangile de Luc. Il y aurait beaucoup à dire. 

Je relève une situation qui me questionne, probablement grâce ou à cause du contexte actuel : Quand Jésus est là, ils ne voient pas que c’est Lui. Quand ils disparait, ils font l’expérience de sa présence !
Dimanche dernier nous avions Saint Thomas qui ne croyait pas ; mais quand il voit et entends le Christ il croit !
Et le ressuscité lui dit : heureux ceux qui croient sans avoir vu ! Vous me suivez ? Voir, ne pas voir ; croire, ne pas croire ; être heureux de croire et non pas de voir !

En fait, il s’agit de faire l’expérience de Sa rencontre, généralement pas là où on le prévoit, généralement pas comme on le prévoit. Laissons-nous surprendre ! Et n’allons pas faire croire à d’autres que la rencontre de Dieu est le fruit d’un calcul fait une fois pour toutes. La réalité de sa présence, de la présence du ressuscité, n’est pas plus exprimable que l’expérience d’un amour. Si un ami (un fils, un frère, …) vous raconte sa passion amoureuse  ce n’est pas pour que vous ayez ce coup de foudre, c’est pour que déborde sa joie d’aimer et d’être aimé, pour témoigner qu’aimer est source de bonheur et qu’il ne faut pas en avoir peur.  

Emmaüs, on ne sait pas très bien où c’est. Cléophas et son collègue sont plus en errance qu’en pèlerinage, on le serait à moins, et bien que confinés nous nous sentons peut-être  et paradoxalement en errance. Mais le Ressuscité nous rejoint n’importe où et le signe qu’il est là c’est là joie d’aller en courant à la rencontre des autres, mêmes confinés comme l’étaient les 10 puis les 11 restés à Jérusalem.

Demain dimanche, nous ne nous verrons pas, mais nous croyons que le Seigneur vient à notre rencontre là où nous sommes. C’est cela qui crée le lien au cœur de ce monde. Et le jour où, dans une action commune, une liturgie, nous verrons l’hostie élevée au dessus de l’autel nous ne regarderons pas le prêtre, nous regarderons ensemble le Ressuscité, l’Alpha et l’Oméga, celui en qui tout est récapitulé. C’est à cela que nous participons en étant ensemble dans la célébration et dans le combat. Il s’agit de faire gagner les forces de vie afin que la volonté d’amour du Père soit réelle sur la terre comme au ciel.
                                                                                       

Je vous envoie le samedi une réflexion en fonction du dimanche pour que nous ayons le temps de nous préparer. Une proposition pour prier seul ou à plusieurs est disponible 

https://bordeaux.catholique.fr/vivre-et-celebrer/fetes-et-liturgie/troisieme-dimanche-de-paques-26-avril-2020-proposition-dune-celebration-domestique

* Les premières représentations de la croix ne viennent qu’au 4° siècle avec Constantin (et sa sainte mère), l’empereur Romain qui pacifiera l’orient au concile de Nicée (325) et qui interdira les persécutions tout en venant peu à peu à la foi.



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