Les rochers blancs

Port de Pinete depuis la Hourqutte d'Allanz
Col de Pineta et Cirque d’Estaubé depuis le Pimené
  • Pardon Madame, je voudrais un renseignement : puis-je avoir un guide pour aller au Col des Astazous ?
  • Je ne peux pas vous répondre, mais pouvez-vous revenir demain à la même heure ? Je vous ferai rencontrer un guide.

J’arrive à l’heure dite le lendemain.

  • Voilà, je voudrais aller au Col des Astazous. Je suis habitué à cette région, j’ai repéré et pratiqué de nombreux itinéraires mais je voudrais aller au Col des Astazous par le chemin des rochers blancs et je n’ose pas m’y aventurer seul. Le descriptif de cette ascension tient une page et demie dans le guide Olivier ! (Bible des pyrénéistes)
  • Tu veux le monter ou le descendre ?
  •  ???
  • Je te conseille de le descendre. Dans ce cas là, tu montes la veille au refuge des Espuguettes, puis le lendemain tu vas par la hourquette d’Allanz jusqu’à  la brèche de Tuquerouye. Tu n’as plus qu’à descendre au Lac Glacé du Marboré puis à remonter vers l’est jusqu’au col des Astazous. Et pour redescendre, c’est quasiment tout droit, coté Cirque de Gavarnie !
  • Pourriez-vous nous y conduire, j’y serai avec 3 ou 4 personnes
  • – d’accord, prenons date !
Monte Perdido en arrière plan de la Borne et le couloir de Tuquerouye
Cirque d’Estaube depuis la Hourquette d’Allanz. A gauche col de Pineta, en arrière plan, le Monte Perdido devant la Borne et le couloir de Ruqyerouye

Ainsi fut fait. Nous montons l’après midi jusqu’au refuge. Pierre-Etienne, Mathilde, Paul Henri et moi-même. Ce fut vite fait sur ce sentier maintes fois parcouru. La soirée au refuge, très quelconque -Le refuge- fut agréable, notre guide nous rejoignant le lendemain. Sans doute avait-il dormi ailleurs, je n’ai en tout cas pas le souvenir de sa présence pendant la soirée.

Une heure de marche et nous nous arrêtons deux minutes près d’un gros rocher pour lire l’évangile du jour que le guide écoute lui aussi. La pente est raide mais la route est droite (Raffarin) pour aller jusqu’à la hourquette et le paysage se dévoile peu à peu. Nous le connaissons et y revenons depuis longtemps pour y amener du monde. D’ouest en est les sommets se montrent : d’abord le vignemale bien sûr, plein ouest, puis la partir occidentale du cirque de Gavarnie, des Gabietous à la Tour en passant par la brèche de Rolland et  le Casque. La hourquette d’Allanz franchie nous descendons légèrement par le fond du cirque d’Estaubé jusqu’à nous retrouver sous la borne de Tuquerouye et un couloir aujourd’hui facile à remonter. Tuquerouye et son refuge non gardé, juste à la frontière avec l’Espagne.

C’est ici une autre vue tout autant magnifique, celle de la face nord du Monte Perdido, troisième sommet de la chaîne après l’Aneto et les Posets. Le guide se demande, et il me demande où l’on a pu se voir. Je l’ai mis sur le chemin, si j’ose dire en parlant d’un guide, le chemin de la réponse. « J’ai dit la messe des guides il y a deux ans au plateau du Lienz à Barèges ». C’était bien là !

Ibon Helado. Au fond, le Col des Astazous

Il est facile de descendre jusqu’à l’Ibon del Marboré et de monter vers l’est. Nous faisons une pause au bout de 3 bonnes heures de marche. Je m’inquiète un peu pour la descente depuis le col que nous voyons et que allons atteindre bientôt.

  • « Tu crois que je vais descendre facilement ? » Lui dis-je un peu inquiet.
  • Tu n’auras aucun problème !
  • Comment le sais-tu ?
  • Je t’ai vu monter hier au soir. Tu sais marcher, tu as l’équilibre et sans doute l’endurance. J’en amène parfois qui montent aux Astazous par le couloir Swan. Ils me font peur à la descente que nous allons prendre parce qu’ils sont fatigués. Ils font bien de l’escalade, mais c’est à Fontainebleu. Ils ne sont pas habitués à la fatigue de la marche en altitude ! » 

Nous sommes au col. La vue sous nos pieds est vertigineuse. Le petit sentier que nous allons emprunter est direct mais il ne faut pas s’y perdre et ni le quitter car en dehors de lui l’à pic est impraticable pour nous. Nous faisons confiance à notre guide et nous plongeons dans ce monde de rocaille, face au cirque, dans un ciel bleu intense où seul un petit nuage donne de la vie au ciel où il se promène ente 2800 et 3000 mètres.

Un seul regret, n’avoir pas, comme l’a fait notre guide, ramassé des brins de génépi pour déguster leur liqueur en souvenir de cette descente magnifique, d’autant que le chemin qui nous ramène à Gavarnie est bien plus court par l’intérieur du cirque qu’en en faisant comme ce matin le tour.

Heureux comme un Pape, dit-on, pour avoir vécu cette escapade avec neveux et nièce ; heureux d’avoir grâce au guide affronté les rochers blancs !

De dr à G. Dans l’ombre, le Col de la Cascade, les 3 pics de la Cascade, le Marboré, le Col des Astazous, le Pic d’Astazou occidental. Photo prise depuis le refuge des Sarradets

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