Mon premier 3000

En 1962

J’avais 11 ans, grand comme trois pommes. Le curé d’Havé nous amène – qui, combien ?- depuis Ortiac pour aller jusqu’au sommet du Taillon, 3144 mètres, à l’ouest du Cirque de Gavarnie.

C’est au petit matin que nous partons de l’église de Gavarnie, 1400 mètres d’altitude. Une longue file s’étire pour monter vers le col des Sarradets (2489 m) par le chemin du plateau de Bellevue et de la cabane du Soldat. Pas la peine d’expliquer pour quoi Bellevue (pause de 5 minutes, redémarrage avec un sucre au ricqlés, alcool de menthe), passage à proximité de la cabane du Soldat. Une part de l’armée Napoléonienne serait passée par là avant de franchir le port de Boucharo et de descendre par la vallée de Torla pour aller mettre de l’ordre, son ordre, en Espagne. Nous bifurquons vers le sud pour monter au col des Sarradets, passer quelques mètres plus loin devant le refuge du même nom. Au nord, on voit encore le Vignemale qui fait fondre son ventre baigné dans le soleil matinal (Photo ci-dessous). Peu de temps après, nous passons au sommet d’une vallée suspendue (échelle des Sarradets) face à la célèbre cascade dominée par un pic énorme, inaccessible, le Marboré. On voit delà le sommet de la brèche de Roland, fantastique entaille dans un mur de 60 mètres de haut entre la France et l’Espagne. Nous y montons, après un ressaut la brèche se dévoile de pied en cap et nous allons y passer afin de poursuivre notre ascension. Un peu avant de franchir la brèche, le Père d’Havé nous signale l’abri Gaurier, du nom de son découvreur, l’abbé Gaurier, qui a peut-être passé plus de temps en montagne qu’à la messe. Nous sommes à 2800 mètres et il nous reste 340 mètres à grimper, et ce n’est pas une pente douce. La pente est raide mais la route est droite et nous arrivons enfin au but. C’est la première fois que je suis à 3000 mètres au-dessus de la mer !

Mais vite, vite, il faut redescendre, ce qui à l’âge que j’avais n’était pas encore une épreuve. Encore tout neuf, encore léger, le cœur encore plus léger, la descente est facile ; mais c’est là, nous prévient-on, que l’on risque l’accident : la balade n’est finie que lorsque on arrivé à la maison. Ortiac, au-dessus de Pierrefitte-Nestalas.

1700 m de dénivelé ! Je pense que nous avons bien dormi la nuit suivante. Aujourd’hui ; la route qui mène au port de Boucharo, 2300 m, facilite la tâche. Heureusement, les Espagnols n’ont jamais construit l’autre coté protégé par le premier parc national dans les Pyrénées, Parque nacional de Ordesa y Monte Perdido créé en 1918


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *