Pèlerin

Pèlerin

Je lisais un vieux numéro du Nouvel Obs. Barret et Gurgan, deux journalistes, auteurs de « Priez pour nous à Compostelle » concluaient le livre par le récit de leur propre pélé. Je décidai quelques temps après d’aller à mon tour au tombeau de St Jacques. Parti en voiture (sept 1980), suivant au plus près le Camino Francès je dis à mon compagnon de route de me laisser à 5km de la ville décidant ainsi de n’entrer à Santiago qu’après avoir « fait » le chemin à pied ! »

C’est ainsi que l’année suivante je découvris les joies du chemin en même temps que le mal aux pieds, eux qui travaillent tous les jours, cette fois-là de St Jean Pied de Port à Burgos et de Léon à Santiago, avec peu d’auberges pour les pèlerins, très peu de balisage, le guide du P. Bernès, prêtre Auscitain et de Veron, pyrénéiste distingué, étant la seule aide, avec des indications aussi subtiles que « 3 arbres, prenez à droite ! ».

Nous nous sommes parfois égarés, nous étions 9, parfois disputés, souvent séparés, heureux le soir de nous disputer encore pour justifier nos choix. Et nous avons couru pour arriver au sommet du Montjoie et crier « Santiago !», le premier arrivé là pour voir les flèches de la cathédrale étant déclaré roi du pélé. Venait alors la descente sur la petite ville, la toilette à la fontaine de Lavacolla et l’entrée dans la cathédrale, posant la main sur la statue de l’apôtre qui soutient la plus belle œuvre sculpturale romane que je connaisse.

Revenu plusieurs fois et y revenant encore, je me réjouis d’entendre les pèlerins dire : « le plus intéressant, c’est le chemin ». Je le pense pour une part, mais je sais aussi, ou plutôt je le crois, que ce chemin qui, depuis le 9° siècle, nous fait marcher dans l’histoire est l’image de nos vies et que sa fin évoque pour moi, et m’y prépare, la rencontre de Celui qui m’attend.

4 octobre 2022


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